«Bonjour, je m’appelle Matthieu et je suis alcoolique. »
C’est de cette manière que se présente tout membre de l’association des Alcooliques Anonymes (AA) lorsqu’il prend la parole. L’histoire des AA commence en 1934 avec Bill Wilson, courtier de métier. Celui-ci, malade alcoolique de 39 ans, subit une troisième cure de sevrage au Town hospital de New York. Il y vit une expérience spirituelle intense qu’il décrit ainsi : « Soudain, ma chambre s’enflamma d’une lumière blanche indescriptible. Je fus saisi d’une extase au-delà de toute description. Toute joie que j’avais connue n’était en rien comparable. »
À partir de ce jour, et jusqu’à sa mort en 1971, il ne boira plus jamais une seule goutte d’alcool. Fort de cette expérience spirituelle, il fonde en 1935 les AA en s’inspirant de la spiritualité du groupe d’Oxford (mouvement de réveil).
Pour aider au rétablissement des alcooliques, Bill Wilson propose douze principes :
1. Nous avons admis que nous étions impuissants devant l’alcool et que nous avions perdu la maîtrise de notre vie.
2. Nous en sommes venus à croire qu’une Puissance supérieure à nous-mêmes pouvait nous rendre la raison.
3. Nous avons décidé de confier notre volonté et notre vie aux soins de Dieu tel que nous le concevons.
4. Nous avons procédé sans crainte à un inventaire moral approfondi de nous-mêmes.
5. Nous avons avoué à Dieu, à nous-mêmes et à un autre être humain la nature exacte de nos torts.
6. Nous étions tout à fait prêts à ce que Dieu élimine tous ces défauts.
7. Nous lui avons humblement demandé de faire disparaître nos défauts.
8. Nous avons dressé une liste de toutes les personnes que nous avions lésées et nous avons consenti à réparer nos torts envers chacune d’elles.
9. Nous avons réparé nos torts directement envers ces personnes dans la mesure du possible.
10. […]
11. Nous avons cherché par la prière et la méditation à améliorer notre contact conscient avec Dieu, tel que nous le concevons, lui demandant seulement de connaître sa volonté à notre égard et de nous donner la force de l’exécuter.
12. […] Nous avons alors essayé de transmettre ce message à d’autres.
Le processus de relèvement s’inspire très nettement de la spiritualité chrétienne. L’alcoolique, comme le pécheur, est incité à désespérer de lui-même (étape 1) pour ne se confier qu’en Dieu seul (étapes 2 et 3). Le membre des AA est aussi invité à emprunter un chemin de repentance et de conversion tant sur le plan moral, en reconnaissant et en réparant ses fautes (étapes 4 à 9), que sur le plan spirituel, en développant une relation avec Dieu (étape 11). Enfin, il est comme envoyé en mission auprès des autres alcooliques pour leur transmettre le message libérateur des AA (étape 12).
Une grande liberté spirituelle est laissée aux membres AA. L’expression « Dieu tel que nous le concevons » permet aux AA d’accueillir tous ceux qui ont une compréhension personnaliste de Dieu (chrétiens, musulmans, juifs…) ainsi que ceux qui en ont une perception panthéiste. Quant aux agnostiques et aux athées, ils sont aussi les bienvenus car ils peuvent interpréter le mot Dieu comme étant la force qui émane du groupe des AA.
Aujourd’hui, il est difficile d’évaluer le nombre de membres AA car l’anonymat est un principe scrupuleusement respecté. On compterait 114 000 groupes dans 170 pays (600 en France). Les groupes AA, même s’ils ne détiennent pas la solution miracle pour guérir les buveurs de leur alcoolisme, offrent cependant à chacun de leurs membres un chemin de libération qui n’est pas sans analogie avec la résurrection dont témoigne l’Évangile.
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