Gordon Gekko (Michael Douglas), l’arrogant et le pire des gourous de la finance, est libéré après 20 ans d’emprisonnement pour délit d’initiés. Le voilà en plein krach boursier de 2008, conseiller du jeune trader Jacob Moore (Shia LaBeouf) qui veut venger son mentor que d’obscures tractations financières ont poussé au suicide. Gordon, toujours aussi requin, se remet aux affaires et va se servir de Jacob comme appât avec délectation car il n’apprécie pas que ce dernier courtise sa fille. Jacob va apprendre à ses dépens que l’argent ne dort jamais.
Le cinéaste met en scène la puissance de Wall Street souvent considérée comme un mythe où le temps et l’espace sont reconfigurés par la virtualité de l’argent et la technologie. Il montre que la bulle financière devient un motif aussi concret qu’abstrait, rattaché autant aux structures économiques et politiques qu’à la filiation.
L’étonnante vitalité du film consiste à suivre plusieurs intrigues imbriquées les unes aux autres où s’enchevêtrent passé, présent et futur. Cela permet au réalisateur de faire une description méthodique du milieu avec ses mensonges, ses trahisons, ses vengeances et ses drames familiaux. Sa force est dans le traitement fusionnel et l’esthétisme de l’image : les marchés avec ses nuées de chiffres qui s’incrustent en transparence sur les visages, New York, la dévoreuse d’âmes et ses édifices provoquants qui se dressent dans le ciel… Le dialogue a aussi une grande importance : « nous sommes multiples », « Arrêtez de raconter des mensonges sur moi et j’arrêterai de dire la vérité sur vous ».
Après Wall Street réalisé en 1987, Oliver Stone poursuit son œuvre en prenant la puissance financière de l’Amérique comme sujet. Si ce lieu se prête bien à la folie carnassière des traders, le spectateur qui a vu le premier film risque d’en éprouver une certaine nostalgie et le cinéphile peut même s’interroger sur l’utilité de cette suite dans la filmographie du cinéaste. Wall Street 2 est un thriller agréable néanmoins limité sur l’aspect distraction, en particulier comique, et moral, limité à « l’argent ne dort jamais ».
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