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Une nouvelle édition de la TOB… avec six livres de plus

Une nouvelle édition de la Traduction OEcuménique de la Bible (TOB) vient de paraître. Outre certains modifications de traduction, plus importantes qu’on pourrait le croire, elle incorpore six livres conservés par la tradition orthodoxe. Stefan Munteanu, orthodoxe, présente ces « nouveaux » livres, et Gilles Castelnau nous fait part de sa réaction.

La nouvelle édition de la Traduction OEcuménique de la Bible (TOB) comporte six livres deutérocanoniques orthodoxes supplémentaires : 3 et 4 Esdras, 3 et 4 Maccabées, la Prière de Manassé et le Psaume 151. Ces textes, rédigés entre le IIe siècle av. J.C. et le IIIe siècle après, font partie de ce qu’on appelle la littérature intertestamentaire, c’està- dire qu’ils se situent entre les écrits de l’Ancien Testament et ceux du Nouveau Testament. Dans l’Église orthodoxe, à côté des autres deutérocanoniques, ces livres sont considérés comme anagignoskomena, c’està- dire « bons à lire ». Bien qu’ils n’aient pas la même autorité que le coeur du canon, ils sont en usage dans la liturgie.

  Considérés comme apocryphes par les catholiques et les protestants, les six livres sont absents de leurs bibles. Cependant, ces livres ont été lus aussi en Occident. Par exemple, Luther traduit dans sa Bible allemande la Prière de Manassé, la King James Version contient la Prière de Manassé et 3 et 4 Esdras, les éditions de la Vulgate, jusqu’au début du XXe siècle, donnaient en appendice la Prière de Manassé et 3 et 4 Esdras. Leur intégration dans la TOB peut donc être considérée comme une redécouverte d’une tradition de lecture qui avait été rompue. Voici une présentation de ces livres.

Il s’agit de la traduction grecque, à la fin du IIe siècle av. J.C., d’un récit rédigé en araméen. Le livre évoque la fin de l’exil à Babylone et le retour à Jérusalem, en ajoutant une pièce originale, insérée après coup : la joute oratoire du roi perse Darius.

Ce texte est une compilation de trois textes écrits entre la fin du Ier et le IIIe siècle après J.C. La partie centrale (3-14) est un livre apocalyptique sur le sort du peuple élu après la destruction du temple de Jérusalem en 70 après J.C. Encadrant cette partie, les chapitres 1-2 et 15-16 sont deux écrits chrétiens ultérieurs ajoutés et transmis seulement en latin. En Occident, la présence de 4 Esdras dans les manuscrits de la Vulgate lui a assuré une large diffusion. On le trouve au XVIe siècle dans plusieurs bibles protestantes.

Ce récit fut rédigé en grec entre le Ier siècle avant J.C. et le Ier siècle après. Il raconte comment les Juifs d’Alexandrie, dont le roi veut la mort, sont enfermés dans l’hippodrome pour y être écrasés par des éléphants et sont miraculeusement sauvés. Une fête est instituée pour commémorer cette fin heureuse. En Occident, la première traduction latine du livre apparaît dans la bible polyglotte d’Alcala. Ce texte a aussi intéressé les protestants : on en trouve des traductions dans des bibles en allemand, français, anglais et hollandais.

Écrit en grec et daté du Ier ou IIe siècle après J.C., 4 M se présente sous la forme d’un traité philosophique sur la mort des martyrs. Parmi les exemples, plusieurs sont tirés de 2 M, en particulier le martyre du vieillard Éléazar ainsi que celui de sept frères et de leur mère. L’Église ancienne l’a tenu en haute estime et il a influencé la martyrologie chrétienne des trois premiers siècles. Plusieurs manuscrits liturgiques grecs attestent de sa lecture à l’occasion de la fête des martyrs des Maccabées. Cette lecture liturgique se retrouve aussi en Occident.

Courte prière de repentance, attribuée au roi impie Manassé, lors de sa captivité à Babylone (2 Ch 33), Mn est très probablement une oeuvre juive rédigée en grec entre le IIe siècle av. J.C. et le Ier siècle après. La diffusion de Mn tant en Orient qu’en Occident semble être liée en premier lieu à son usage liturgique. On la trouve aussi dans le psautier mozarabe et dans l’ancienne liturgie romaine. On connaît une version vaudoise de Mn et on la trouve aussi dans le Livre de la prière commune de l’Église épiscopalienne américaine.

Le Psautier de la Septante contient un psaume supplémentaire, qu’on a pris l’habitude d’appeler le Ps 151. Il se retrouve aussi sous ce numéro dans des traductions latines, la Vetus Latina et la Vulgate. Il est considéré comme une signature davidique à la collection des 150 psaumes. Composé à partir de 1 S 16-17, il évoque David berger et musicien, oint par Dieu et combattant Goliath.

Les orthodoxes de France proposent à leurs frères catholiques et protestants de lire avec eux ces six autres livres de l’AT. Puisque, selon la tradition orthodoxe, ils sont « bons à lire », ils sont bons à connaître, même s’ils n’ont pas la même autorité que le coeur du canon chrétien.

Stefan Munteanu

La parution d’une édition révisée de la Traduction OEcuménique de la Bible (TOB) est une excellente nouvelle.

  C’est un événement scientifique de qualité car toutes les connaissances acquises à l’échelon le plus élevé par les différents biblistes se trouvent indiquées dans les importantes introductions à chaque livre de la Bible et dans les très nombreuses notes en bas de page, tenant compte des récentes hypothèses concernant notamment les dates de publication des livres de l’Ancien Testament.

  Les noms divins traditionnellement traduits (faussement) par « tout-puissant » ou « le Seigneur (Dieu) des armées » ont été corrigés en « puissant », « souverain » ou « Dieu de l’univers ».

  De tout cela et de bien d’autres remarques historiques et critiques, nous ne pouvons que nous réjouir et féliciter les très nombreux spécialistes protestants, catholiques et orthodoxes ayant collaboré à cette belle oeuvre commune.

  Mais justement l’introduction dans les éditions précédentes des livres deutécanoniques (Tobit, Judith, 1 et 2 Maccabées, la Sagesse, etc.) habituellement lus par les catholiques, avait déjà surpris les protestants. Et voici que les relations établies avec les Églises orthodoxes ont fait entrer dans cette édition des livres inconnus jusqu’ici en Occident : 3 et 4 Maccabées, 3 et 4 Esdras, Prière de Manassé et Psaume 151.

  Notre habitude était pourtant bien ancrée de lire une Bible immuable.

  De plus ces textes mettent en question la conviction protestante d’être de paisibles enfants de Dieu sauvés par grâce. On y rencontre, en effet, un Dieu souverain et tout-puissant qui était inconnu du canon habituel – et dont justement les traducteurs venaient, à juste titre, de corriger la mention dans les textes retraduits – et devant lequel le croyant ne peut que s’enfoncer dans un lamentable misérabilisme culpabilisé.

  Voici, par exemple, quelques lignes de la toute nouvelle – pour nous – Prière de Manassé :

  Seigneur souverain… devant qui tout frémit et tremble face à ta puissance ! J’ai commis des péchés plus nombreux que le sable de la mer. Mes transgressions se sont multipliées et je ne suis pas digne de lever les yeux à cause de la foule de mes péchés. Je suis trop accablé sous le poids de mes chaînes pour relever la tête à cause de mes péchés. Il n’est pas pour moi de pardon car j’ai provoqué ta colère, et j’ai fait ce qui est mal à tes yeux en commettant des abominations.

Gilles Castelnau

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À propos Stefan Munteanu

Stefan.Munteanu@evangile-et-liberte.net'

Un commentaire

  1. irisangelbert@sympatico.ca'
    Angelbert Côté

    Ma TOB mesure 18 X 12 X 5 cm, 2079 pages. Y a t-il une édition de la TOB 2010 qui est écrit en plus gros caractères ? J’ai beaucoupd de difficulté à lire celle-ci. Les caractères sont trop petits.

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