La notion de salut est présente dans de nombreuses religions. Elle ne va pourtant pas de soi. Quel sens lui donner lorsque toute espérance est devenue vaine ?
Un souffle printanier parcourt les évangiles, c’est un vrai bonheur que de les lire. Tous ceux qui croisaient Jésus trouvaient « grâce » à ses yeux, sans qu’il leur pose jamais de question embarrassante et sans qu’il attende une éventuelle demande ; et toujours, un élan rafraîchissant, un dynamisme créateur dont nous comprenons qu’il est celui de Dieu, les relevait, s’ils en avaient besoin, les regonflait, les apaisait, les réorientait, les guérissait.
Ces gens étaient « sauvés » de leur lèpre, de leur paralysie, de leur culpabilité, de la lapidation légale ainsi que de l’observance pointilleuse des anciens rituels de purification et des règles du sabbat et de la cacherout [NDLR : règles alimentaires juives].
On ne parlait pas, à cette époque, en Galilée, de tous les problèmes que nous connaissons aujourd’hui, avec les délocalisations, la récession, le sida, le racisme, le réchauffement climatique, les jeunes des banlieues et les pays en voie de développement ruinés par les jeux de la Bourse et du prix des matières premières. On n’avait pas l’idée, en ce temps, de critiquer le système politique de l’Empire romain ou de refuser l’esclavage. Et d’ailleurs, autant qu’on sache, Jésus ne s’est jamais écarté de la Palestine rurale.
Mais nous voyons bien que l’élan vital qui l’animait est celui du Dieu éternel, actif en tous temps, dans tous les pays, sous tous les régimes, renouvelant toujours la vie des hommes.
C’est évidemment à nous d’imaginer maintenant sa présence dans notre monde et quel élan il apporte à nos contemporains dans tous les milieux sociaux et professionnels, familiaux, avec les problèmes actuels de santé, de stress, de solitude, ou… de bousculade.
Encore faut-il ouvrir notre coeur à sa présence créatrice. Le salut de Dieu est une présence en nous qui est plus que nous mais qui n’est pas sans nous.
Comment le comprendre si nous sommes toujours au top, sans problèmes, sans manque, sans projets et sans espérance ? Si nous croyons ne pouvoir compter que sur nous.
Comment le comprendre si, quand vient l’obscurité de la vie, on prend des euphorisants, de la drogue, de Gilles Castelnau Un chrétien est un homme « sauvé » La notion de salut est présente dans de nombreuses religions. Elle ne va pourtant pas de soi. Quel sens lui donner lorsque toute espérance est devenue vaine ? l’alcool, ou l’on demande un congé maladie pour déprime ?
Comment le comprendre si on passe son temps à calculer le « niveau du moral des ménages » en pensant qu’il devrait « normalement » augmenter continuellement ?
Comment le comprendre si on oublie la foi et l’espérance et qu’on ne peut que répéter : « Moi je suis déprimé »
et d’ailleurs
« quand on voit ce qu’on voit et qu’on sait ce qu’on sait, on a bien raison de penser ce qu’on pense ! »
Comment comprendre Pâques si l’on croit qu’avec le gouvernement actuel et la situation dans laquelle on est, rien ne peut aller.
Le « péché » qui nous tue et qui empêche les autres de vivre du salut de Dieu c’est négliger l’énergie de Dieu en nous. C’est ne pas être amoureux de la vie, se dessécher, admettre la laideur, l’ennui, la médiocrité. C’est se réfugier dans une immobilité sécuritaire, dans un pessimisme amer et désabusé, s’enfermer dans un petit groupe sectaire, ne pas transmettre à la jeune génération la conscience de la vie agissante dans le cosmos entier, l’amour de la beauté. C’est laisser à la mort et au pessimisme leur victoire sur la vie et la joie !
Jésus-Christ qui nous a révélé le salut n’était pas un être divin se promenant provisoirement sur la terre sans être engagé dans les conflits de l’existence et les ambiguïtés de notre vie (on pourrait alors lui demander des miracles sans nous sentir impliqués nous-mêmes dans son dynamisme créateur puisqu’il ne serait pas, lui, véritablement engagé dans notre détresse).
Quand on demande à l’Homme :
« Comment vas-tu ? »
il répond, dans l’épaisseur de ses souffrances, de ses douleurs, de ses angoisses, de ses tristesses, en présence de sa mort même :
« Grâce à Dieu, je vais bien ».
Ce qui ne l’empêche pas, naturellement, de donner de ses nouvelles, mais sans geindre. Comme un Homme dont le souffle est mêlé du Souffle divin.*
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