L’exclusion a bien des visages… Quelle qu’en soit la raison, la solitude crée une exclusion difficile à vivre. Mais, comme le rappelle Vincens Hubac, chacun peut aider à la vaincre.
« La solitude ça n’existe pas », chantait il y a quelques années une artiste en vogue. Hélas ! La réalité est bien loin de ce refrain ! La solitude existe bel et bien. Elle est pernicieuse. On ne la voit pas, on peut la subir en étant en bonne santé et en ayant des moyens suffisants pour vivre largement… Elle n’en est que plus dangereuse et pénible. L’exemple type est la veuve âgée ayant perdu son mari et éloignée de ses enfants. Repliée sur sa peine et ses souvenirs avec ses canaris, son chat ou son chien. On pense immanquablement à la Bible et aux rencontres de Jésus avec ces veuves que des circonstances tragiques ont plongées dans le malheur. Pour elles les rencontres avec le monde sont furtives, éthérées, insignifiantes, un bonjour ici ou là, pourtant décisif… on existe encore un peu. Solitude éprouvante que celle des grands malades en fin de vie, enfermés dans un mur d’incompréhension ! Combien sont-ils ceux qui savent qu’ils vont mourir et s’entendent dire qu’ils vont bien ! Quel dialogue possible dans ces conditions où le mensonge bien intentionné empêche tout dialogue ? On meurt ainsi au petit matin dans la solitude au milieu de ses proches. Solitude du détenu, face à lui-même et à ses actes. Le détenu a souvent peur d’être oublié par les gens du dehors. Peur justifiée qui nous rappelle que dans l’oubli on n’est plus rien.
Solitudes de toutes sortes et inattendues comme celle d’un grand patron que personne n’ose aborder et que beaucoup jalousent car il est le patron. Mais la solitude du mauvais élève de la classe qui, à tort ou à raison, se sent rejeté par les maîtres et par ses camarades est aussi tragique, tout comme la solitude de l’amoureux éconduit… « Un seul être vous manque… » Les solitudes sont multiples et en dehors de la solitude choisie, elles font souffrir ou sont le résultat d’une souffrance. On se cache quand on est malheureux.
Bien sûr l’exclusion est liée à la solitude. L’enfermement à l’extérieur dit bien cette rupture qui conduit à l’isolement. Les relations de la rue sont rarement solides et de qualité. Ce qui n’empêche pas la sincérité. Il est difficile de savoir par quoi commence la spirale qui conduit à une déchéance mais on ne peut qu’être frappé de voir la solitude de ceux qui viennent chercher de la nourriture lors de distributions alimentaires.
Comme bien d’autres fléaux, la solitude n’est pas une fatalité, elle peut être combattue et vaincue. Ici il faut s’engager à plusieurs niveaux. Évidemment dénoncer le mal pour en faire prendre conscience car il peut être très proche et toucher n’importe qui : un voisin de palier, un grand parent, l’homme de la rue … Les mentalités changent grâce à l’information et à la prise de conscience des maux qui nous entourent.
Un deuxième niveau d’action c’est le groupe, la communauté, Église ou autre. Il y a là un engagement collectif : équipe de visiteurs à mettre en place par exemple. Enfin, chacun doit et peut agir. Pour ceux qui souffrent de solitude, ce qui compte c’est de rétablir une relation qui fasse prendre conscience qu’on existe : un peu de temps, un zeste de bonne volonté, une pincée de sourire constituent les ingrédients pour une bonne recette. La Fédération de l’Entraide protestante s’est penchée sur la question du lien social. Ce lien passe par une parole, par une rupture du mur de la solitude. Sans cette parole, ce lien, l’homme seul risque d’être entraîné dans le spleen puis la perte du sentiment d’être soi, d’exister. Briser la solitude, est un enjeu vital aussi important que de donner du pain à celui qui a faim.
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