Lorsque nous croisons des personnes en difficulté, nous pensons d’abord aux besoins de vêtements et de nourriture. Mais, nous rappelle Vincens Hubac, l’hygiène est également fondamentale pour conserver l’estime de soi.
La Bible nous raconte que la création est bonne, même très bonne. Dans cette création, l’homme est à l’image de Dieu. On peut en déduire sans trop de difficultés que l’être humain est bien fait.
Le corps pose toujours problème ! L’art sait en saisir la beauté et aujourd’hui le corps est parfois objet d’un culte idolâtre ou, à l’inverse, méprisé et laissé à l’abandon. Un équilibre est nécessaire. Notre corps est l’enveloppe de notre esprit, il reçoit les messages du dehors, il les analyse et en vit. Pour cela il doit être respecté. Notre être est lié au corps, c’est ce même corps qui reçoit aussi l’Esprit. Pour les grecs et les chrétiens, il est le siège de l’âme… Respectons donc le corps humain car ce respect est signe de dignité humaine.
Au sortir d’un camp de concentration nazi, un homme raconte qu’il avait survécu à cet enfer en faisant semblant de se laver chaque matin. Dans un univers où il n’y avait pas de savon et peu d’eau, ou pas du tout, pour les prisonniers méprisés et torturés, avoir su garder la dignité de soi, de son corps, de son être, même sans savon et sans eau, avait été décisif.
Aujourd’hui cette dignité de soi nous apparaît en pleine lumière, par effet de contraste, quand nous croisons les gens de la rue, eux qui ont tout perdu, jusqu’à l’estime d’eux-mêmes. La saleté les envahit bien souvent, elle s’impose à eux. Elle est le signe d’un délabrement intérieur, nouveau fardeau qui s’ajoute aux autres. Bien souvent, la mauvaise odeur d’un clochard fait le vide autour de lui. Dans la dégringolade de l’exclusion, on perd le sens de l’hygiène. Solitude, perte du lien social, drogue, alcool, errance, chômage, tous ces éléments contribuent, avec la saleté physique, à cet abandon de la dignité humaine et accentuent la fragilité du corps (maladies infectieuses, infections des plaies, abcès, etc.).
Les associations qui aident les « sans domicile » ont bien compris l’importance de l’hygiène corporelle. Rares sont hélas les lieux d’accueil équipées de salles d’eau, même rudimentaires, à mettre à la disposition des gens de la rue.
En réponse aux appels à la générosité publique, nous pensons souvent à donner des vêtements ou de la nourriture. En parant au plus pressé, nous oublions souvent qu’il est aussi nécessaire de donner aux associations (ou directement à un SDF que l’on connaît) du savon, du dentifrice, des produits d’entretien, ou tout autre produit du même genre.
L’Armée du Salut, avec ses trois « S » (Soupe, Savon, Salut), l’a fort bien compris. Pouvoir se laver ne serait-ce que les mains, à la fontaine publique, à un carrefour de rue, reste un geste essentiel. Offrir à ses enfants un minimum d’hygiène, même en étant dans une chambre d’hôtel surpeuplée, est une nécessité absolue, une protection contre de nombreuses maladies et l’apprentissage de l’estime de soi sans laquelle aucune vie digne de ce nom n’est réellement possible.
Aider en ce sens est facile. On peut aider à titre individuel naturellement, mais les écoles bibliques et catéchumènes peuvent aussi, bien sûr, participer de manière concrète à des collectes de ces produits. C’est une aide qui « parle » aux jeunes et à laquelle ils participent facilement. C’est aussi vrai pour n’importe quel groupe…
Un savon ! (si possible petit car transportable et naturel), c’est si simple et si important, vital même… Y penserons-nous demain, dans notre salle de bain
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