Les Réformateurs se sont opposé à ce que l’on appelle les hommes d’Église « père », parce que, selon l’Évangile, notre seul père, c’est Dieu. Ils ont trouvé un autre mot : « pasteur ». C’est beau, le pasteur c’est le berger, et nous aimons cette image un peu paternaliste du pasteur qui prend soin de sa paroisse, de chacune de ses « ouailles » (ancien mot pour dire « brebis »), et marche devant en montrant l’exemple.
Pourtant ce choix est fort discutable, car qui est notre berger ? C’est Dieu, en effet « l’Éternel est mon berger » (Ps 27), et c’est le Christ qui est « le bon berger » (Jn 10,11). Il semble bien que, voulant éviter le titre divin de « père », les protestants n’aient pas mieux fait en donnant à leurs ministres un titre encore plus divin et réservé à Dieu.
Le pasteur de paroisse est-il alors le berger ? Non, il est plutôt le chien de berger. Le seul berger, c’est le Christ. Le pasteur, lui, il court autour du troupeau, il s’agite, il crie, il aboie, il appelle, pour le rassembler, il mordille même peut-être parfois un peu les mollets des paroissiens qui traînent ou s’égarent pour les remettre dans le troupeau à la suite du Christ. Il ne dit pas « suivez-moi », mais « suivez votre bon berger qui est Jésus ». Il n’est pas lui-même l’exemple à suivre, mais il rameute vers le seul guide qui est le Christ.
D’ailleurs aujourd’hui, on dit officiellement « ministre », comme du temps de la Réforme ; le pasteur est donc un serviteur, de Dieu et de l’Évangile, il est au second plan. Mais il est vrai qu’on attend aussi de lui qu’il prenne soin de ses paroissiens, qu’il les aime, qu’il s’en préoccupe, qu’il les soigne… même s’il n’est pas Christ lui-même, il est donc tout de même un peu berger, berger adjoint mettons.
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