Récemment, un excellent professeur de théologie fit un lapsus lors d’une conférence. Il voulut dire : « Le christianisme a voulu réconcilier l’humain avec le divin. » Mais il remplaça, subrepticement, le mot « divin » par celui de « divan »… Vaste programme ! Vouloir réconcilier l’humain et le divan… Freud est de retour… En moi-même je me suis dit, tel l’inspecteur Bourrel dans « les cinq dernières minutes » (ah, nostalgie de mon enfance…) : « Bon Dieu ! Mais c’est bien sûr ! » Ce n’est pas un lapsus, c’est une hypothèse intéressante. Non seulement l’idée de se réconcilier avec son inconscient est un chemin de longue haleine, mais sans doute aussi existe-t-il une corrélation entre le divin et le divan…
Le théologien Karl Barth écrivait que l’être humain est devant un paradoxe : s’il est croyant, il doit parler de Dieu, mais puisqu’il est une créature, il ne peut pas parler de Dieu. Comment résoudre ce paradoxe autrement qu’en puisant, dans notre expérience humaine, des mots, des images pour évoquer le divin. Les auteurs bibliques ne faisaient pas autrement ! Par exemple dans ce véritable livre de sciencefiction qu’est l’Apocalypse, l’auteur puise dans son imaginaire débridé, dans son inconscient, des images fortes pour décrire la réalité de la foi et de l’intime de l’être humain, de ses déchirements et de ses pulsions… Il existe très probablement un lien fort entre notre « divan » et notre « divin ».
Le risque néanmoins existe de confondre « le » divin et « notre » divan, de croire que nos images « définissent » Dieu alors qu’elles ne font que le raconter. Nos mots restent nos mots, nos images restent nos images. Sinon Dieu devient une projection de nos failles, de nos angoisses, de nos fantasmes. Il est une simple compensation de ma fragilité. Et Marx aura eu raison alors de dire que c’est un « opium », une drogue malsaine qui entretient et nourrit l’avilissement.
Bon, je retourne chez mon psy… lui parler de théologie !
Pour faire un don, suivez ce lien