La première partie du texte de Raphaël Picon sur la prière de demande a été publiée dans notre numéro de novembre. Pour ceux qui n’ont pas lu ce numéro, voici un aperçu de cette première partie avec une sélection de quelques phrases. L’idéal étant, bien sûr, de se procurer le texte dans son intégralité…
« Pour beaucoup de nos contemporains la prière de demande, celle par laquelle le croyant demande à Dieu une faveur, une aide, un soutien, ne va pas de soi. […] La prière de demande court toujours le risque de s’approprier Dieu. Elle menace de le réduire à ce que nous aimerions qu’il nous fasse, de le limiter ainsi à n’être que le pourvoyeur des bienfaits qui nous manquent. […] La prière de demande, et plus précisément celle d’intercession ou de collecte, ne nous conduit-elle pas à nous décharger trop hâtivement de nos responsabilités ? […] À défaut de pouvoir et de vouloir agir, nous faisons de Dieu cette entité toute-puissante que nous croyons capable de sauver nos vies et le monde de la complexité des champs de force qui s’y opposent, des contradictions pourtant indépassables qui les tiraillent. […] Le risque de la prière de demande ne serait-il pas, encore, de nous rendre dépendants d’un système religieux basé sur la notion de faveur et de rétribution ? […] Enfin, et paradoxalement, ne serait-ce pas notre propre relation à Dieu que nos prières de demande mettraient en cause ? […] Il nous paraît pourtant légitime de défendre la prière d’intercession comme l’expression de cette vérité théologique d’un Dieu en action et potentiellement en demande, et comme rendant compte d’une réalité humaine indépassable : celle d’un humain en demande et potentiellement en action. La prière de demande fonctionne comme effet de miroir. […] Dis-moi ta prière, je te dirais quel est ton Dieu ! »
Raphaël Picon s’appuie ensuite sur le parcours du théologien américain John Cobb en face de la prière. « Dieu est pensé par Cobb comme une puissance de transformation créatrice, oeuvrant à rendre nos existences et toutes les entités du réel, toujours plus harmonieuses ; une force luttant sans relâche pour une existence et un monde plus épanouis, plus justes, plus généreux. […] Il apparaît ici que la prière, comme toutes formes de disciplines spirituelles, ne consiste pas à se vider de ce qui est en nous pour remplacer ce que nous sommes par une réalité extérieure à nous. Le but de la prière est, selon John Cobb, de “ nous aligner sur la direction vers laquelle Dieu est déjà en train de nous tirer, une direction pointée par le Christ ”. La prière de demande ne nous couperait pas de notre entourage, de Dieu et du monde, mais intensifierait en nous la conscience de cette puissance créatrice qui nous mobilise au service des autres. »
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