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La Pivellina

Un soir d’hiver, dans la banlieue de Rome, Patty, une femme d’un certain âge à la chevelure flamboyante, cherche son chien. La voici dans un petit parc désert au milieu de grands immeubles HLM. Sur une balançoire, elle aperçoit une fillette d’environ deux ans, mais personne autour de l’enfant. Elle attend en vain et comme la pluie commence à tomber, elle décide d’emmener la petite chez elle, dans une caravane, Patty fait partie d’un modeste cirque familial installé sur un terrain de camping. Walter, son mari, veut remettre à la police, La Pivellina, la « petite ignorante », en italien et qui par extension signifie, celle dont on ne sait rien. Dans les vêtements de l’enfant, Patty a découvert un message de la mère disant qu’elle reviendrait chercher sa fille « un jour ou l’autre ». L’instinct maternel de Patty l’incite à garder l’enfant et à en prendre soin, l’adolescent Tairo éprouve de l’affection pour elle et Walter s’attendrit. Que va-t-il se passer ?

Filmé en lumière naturelle plutôt faible, les premières scènes introduisent le spectateur dans l’univers austère et froid des deux artistes de cirque désabusés. Dans cet environnement de couleurs ternes, seuls les graffitis et les décors de la fête foraine dominent cette morosité et s’accordent à la chevelure de Patty. Tout est authentique, le décor et les interprètes sont de vrais saltimbanques et non des acteurs professionnels. Les cinéastes ont utilisé la caméra à l’épaule et ont fait preuve d’une grande patience pour filmer la fillette et les trois intervenants qui ont compris le but de chaque prise et ont joué comme ils l’entendaient, avec leur propre dialogue.

C’est un film singulier, lent et sans véritable scénario, il s’apparente à un documentaire ancré sur une fiction. Le thème de l’abandon d’enfant permet de montrer l’univers du cirque dont l’esprit de partage et de transmission tient une place essentielle dans la lutte perpétuelle contre la précarité. L’actrice qui interprète Patty nous rappelle Anna Magnani et apporte au film une sensibilité italienne néoréaliste de style rossellinien. Walter, le modèle même du clown, pragmatique et rébarbatif, cache sa sensibilité derrière ses personnages.

Ce film mérite amplement les applaudissements nourris qu’il a recueillis à la Quinzaine du festival de Cannes en 2009 même s’il n’obtient pas la faveur du grand public.

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À propos Pierre Nambot

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