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La Chine et ses religions

La Chine, qui va accueillir les jeux olympiques, compte environ seize millions de chrétiens. Faible proportion dans ce pays de plus d’un milliard d’habitants. Mireille Lanza présente les diverses religions existant en Chine, et la situation des protestants.

   La Chine a eu, dès la plus haute antiquité, une religion originale : c’est la nature qui jouait un rôle d’intermédiaire entre les dieux et les hommes. Ces dieux ne pouvaient être honorés que par l’empereur, fils du ciel. Bien que n’étant pas des religions, mais des philosophies, le taoïsme et le confucianisme sont les deux courants qui ont animé le début de l’histoire chinoise. Le Bouddhisme, quant à lui, est arrivé avec les commerçants indiens par la route de la soie, à l’époque des Hans (vers le XIe siècle), ainsi que l’Islam : nous trouvons des mosquées dans le Nord de la Chine. Dans la Chine du Sud, grâce au commerce maritime, les Chinois ont vu l’arrivée des premiers juifs. À l’heure actuelle, il est question de construire une synagogue à Shanghai.

   Ce sont les missions étrangères qui ont introduit le christianisme. Dans un premier temps, vers 635, l’Église nestorienne* arriva en Chine mais elle ne subsista qu’un très court moment. Ce n’est que vers 1800 que furent implantées des Églises chrétiennes, avec l’arrivée du colonialisme, ce qui fit considérer cette religion comme une religion étrangère. Le premier chrétien venu évangéliser la Chine fut saint François-Xavier, mort à Canton en 1552. On essaya d’envoyer une mission en 1862 composée de cinq membres. À peine arrivées, trois des personnes attrapèrent le choléra et moururent ; la France rapatria vite les deux autres. Pour se détacher complètement des Églises missionnaires étrangères en 1950, les Chinois créèrent le Conseil Chrétien de Chine, correspondant à la Fédération Protestante de France. Parallèlement fut instauré « the three self patriotic movement » pour bien se démarquer de l’étranger.

   En Chine, on appelle « chrétiens » les chrétiens d’origine protestante (Baptistes, anglicans, presbytériens, évangéliques). Les catholiques sont appelés catholiques. Les Églises doivent être entièrement chinoises et doivent se gouverner seules (self governance), s’autofinancer (self support) et évangéliser (self propagation). Elles ne doivent plus dépendre d’Églises étrangères. Elles deviennent alors « post dénominationnelles ».

   Après la révolution culturelle (1966-1976) où toute religion fut interdite en Chine, où les temples furent fermés et utilisés comme entrepôts, les chrétiens se rassemblèrent clandestinement et créèrent les « Églises de maison » (certaines subsistent encore de nos jours). Il est très difficile de se faire une opinion au sujet de ces Églises de maison car les points de vue sont très différents selon les personnes interrogées. Servent-elles à pallier le manque d’édifices, ou seraient-elles des Églises dissidentes ?

   De nos jours, on estime à 16 millions le nombre de chrétiens. On recense plus de 55 000 lieux de cultes, 2 700 pasteurs, 27 000 personnes engagées dans une oeuvre pastorale (prédicateurs, anciens) et 18 séminaires et écoles bibliques. La création d’une imprimerie à Nanjing (The Amity Printing Press) permet la fabrication de 40 millions de bibles par an. Cependant le manque de lieux de culte est immense. Aussi, dans les grandes villes, on célèbre deux cultes le dimanche matin, chaque culte étant suivi par 900 personnes environ dans trois salles : une salle où il y a la chaire et deux autres où les fidèles regardent les prédicateurs sur des écrans de télévision. Le déroulement du culte est le même que chez nous : après une liturgie identique à la nôtre, les chants des cantiques et une prédication un peu plus longue que chez nous, les fidèles quittent les salles pour laisser la place aux autres.

   Si l’on considère que la population de la Chine est de plus de 1 milliard d’habitants, la proportion de chrétiens est encore très faible et elle est surtout très limitée aux régions côtières. La Chine s’est réveillée et on peut faire confiance aux Chinois pour faire de la Chine un grand pays chrétien.

  • NDLR : Nestorius (v. 380-451). Patriarche de Constantinople, condamné pour hérésie au sujet de la double nature du Christ, et banni. Sa pensée théologique gagna la Perse, l’Église d’Orient (dite nestorienne), s’étendit en Asie centrale, en Inde, et même en Chine.

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À propos Mireille Lanza

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