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Jean-Frédéric Oberlin

Lorsqu’il arrive à Waldersbach, village pauvre d’Alsace, le jeune pasteur Oberlin se met à l’ouvrage pour améliorer la vie des habitants, construire des routes, développer l’éducation, l’agriculture, l’industrie… Il y passera sa vie entière.

  Le promeneur qui arpente les sentiers de la vallée de la Bruche apprécie aujourd’hui la campagne environnante qui comble ses désirs de citadin. Il n’en fut pas toujours ainsi. Au milieu du XVIIIe siècle, la haute vallée de la Bruche sous le « Champ du Feu » est une région austère, isolée. Le comté du Ban de la Roche n’a rien d’attirant. Déjà, le pasteur Jean Georges Stuber avait eu le souci d’éduquer les populations locales afin d’améliorer leur genre de vie. En 1766, Stuber demande à Jean-Frédéric Oberlin de lui succéder à Waldersbach, au Ban de la Roche.

  À cette époque, Oberlin, né le 31 août 1740 à Strasbourg, a 26 ans. Il passera sa vie au service du Ban de la Roche jusqu’à sa mort le 1er juin 1826. Oberlin est docteur en théologie et connaît des rudiments de médecine et de chirurgie appris alors qu’il était précepteur chez le chirurgien Ziegenhagen. Si on excepte son attirance pour le spiritisme, Oberlin reste un pasteur de théologie classique et d’une morale irréprochable. Il s’inscrit dans la lignée de ceux pour lesquels le ministère est une mission auprès de ceux qui en ont le plus besoin. Il précède le christianisme social de plus d’un siècle !

  Le premier souci d’Oberlin est de désenclaver la région en construisant des routes. Toujours il met la main à la pâte et s’engage entièrement dans ses projets. Sa passion est contagieuse et ses projets aboutissent souvent. Oberlin est secondé dans son ministère par son épouse, Madeleine Salomé Witter, dont il a 9 enfants. Ensemble, aidés entre autres de Sara Banzet et Louise Scheppler, ils vont s’attacher à développer le pays et à éduquer les gens.

  Connaissant bien l’agronomie, Oberlin introduit de nouveaux plans de pomme de terre, des arbres fruitiers, le lin… Il assèche les marais pour gagner de nouveaux terrains. Il apprend différents métiers aux paysans, ouvre une caisse d’emprunt qu’il alimente de ses deniers. Il fait venir au Ban de la Roche un médecin et une sage-femme. La vallée qui comptait 100 familles en 1766 en compte 600 au début de XIXe siècle. Remarquable résultat démographique qui accompagne un début d’industrialisation de la vallée. Legrand (directeur de la République Helvétique) fonde une usine de passementerie qui rejoint une filature de coton !

  Si le développement économique de la région est fondamental, Oberlin laisse un héritage encore plus grand dans le domaine de l’éducation. Oberlin est un des pères de la pédagogie moderne. Il commence par agrandir la bibliothèque du pasteur Stuber en faisant venir des bibles, des livres de géographie, de sciences naturelles. Avec Sara Banzet il monte la première maternelle en France, dont il forme les surveillants, pris parmi les habitants du pays. Dans les écoles du Ban de la Roche l’éducation est des plus modernes : éducation par le jeu, activités manuelles, fiches illustrées, constitution du plus ancien herbier de France. Oberlin fabrique des jouets scientifiques, des images au pochoir, des alphabets… L’enseignement est pratique, centré sur l’apprentissage du français. L’éducation physique n’est pas oubliée et se fait au cours des sorties en plein air ! La bibliothèque de prêts fonctionne pour tous, petits et grands, car les adultes ne sont pas oubliés et fréquentent des réunions d’éducation. La cohérence entre le développement économique, l’éducation et le message évangélique est sans doute à la base du succès de l’entreprise d’Oberlin.

  Le renom du pasteur dépasse le Ban de la Roche et l’Alsace. Protégé par l’Abbé Grégoire et le Tsar Alexandre III, il permet au Ban de la Roche d’éviter les inconvénients de la Révolution et de l’invasion en 1814. Mondialement reconnu, il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur en 1819.

  Depuis 1958, le presbytère de Waldersbach est devenu un musée qui n’a cessé de s’agrandir : il perpétue le souvenir de Jean-Frédéric Oberlin qui, bien qu’enterré à Fouclay, aurait pu l’être au Panthéon !

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À propos Vincens Hubac

est pasteur de l’Église protestante unie de France au Foyer de l’âme, à Paris. Il est engagé dans la diaconie et intéressé par le transhumanisme.

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