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Introduction : Sébastien Castellion

   Est-ce de la provocation de publier deux « Cahiers » sur Sébastien Castellion en cette « Année Calvin »…? L’opposition de Calvin à Castellion est en effet bien connue : Calvin n’a-t-il pas traité Castellion de « chien » ?

   Castellion est né 6 ans après Calvin ; « humaniste, helléniste, poète latin, traducteur de la Bible, théologien sui generis, controversiste et pédagogue » comme le qualifie l’Encyclopédie du Protestantisme, il est considéré comme un précurseur du protestantisme libéral. Il a toujours privilégié la liberté d’examen à l’autorité doctrinale ; dans le Traité des hérétiques, publié immédiatement après l’exécution de Michel Servet, il a exposé sa théorie de la tolérance des hérétiques « simples ». Il est l’auteur de cette phrase inoubliable : « Tuer un homme ce n’est pas défendre une doctrine, c’est tuer un homme. »

   Calvin et Castellion vont s’affronter sur bien d’autres sujets que la tolérance : le Symbole des apôtres, la prédestination ou encore le sens du Cantique des cantiques.

   En 2005 « la Bible nouvellement translatée » a été rééditée pour la première fois. Cette traduction de la Bible en français publiée par Castellion en 1555, après celle de Lefèvre d’Étaples et celle d’Olivétan, fut réellement révolutionnaire. Outre son souci d’être fidèle au texte originel, elle s’adressait résolument aux « idiots », c’est-à-dire aux gens de peu d’instruction. Avec un souci pédagogique évident, Castellion a choisi les mots les plus courants, n’a pas craint d’en créer de nouveaux, pourvu qu’ils soient susceptibles d’être reconnus par des gens simples. Il n’a pas voulu faire une traduction de « grammairien » mais s’exprimer avec des mots que le lecteur comprenne afin qu’il puisse être ému ou bouleversé. C’est aussi, comme l’a relevé Ferdinand Buisson qui lui consacra sa thèse en 1892, parce que « Castellion traite la Bible non comme un livre humain, mais comme un livre dont la lettre est humaine et la pensée divine », qu’il se permet une certaine liberté d’écriture. On remarque qu’il a intégré, dans le corps même du texte, les variantes introduites dans le texte hébreu par les premières traductions, grecque et latine. En bon humaniste, il ne se prononce pas en faveur d’une tradiuction particulière, ne propose pas d’interprétation du texte, ne bâtit aucune doctrine. Enfin Castellion a, de façon originale, inséré des passages de l’oeuvre de l’historien juif du Ier siècle Flavius Josèphe entre le livre d’Esdras et le 1er livre des Maccabées puis comme suite du 2e livre des Maccabées : « Mon intention a été de contenter ceux qui voudraient bien savoir les faits dudit temps », précise-t-il.

   Philippe Vassaux pasteur de l’Église réformée de France et historien nous présente ce mois-ci et le mois prochain deux « Cahiers » sur la vie, l’oeuvre et l’engagement de Sébastien Castellion

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À propos Marie-Noële Duchêne

est enseignant-chercheur retraitée en Physique (université Paris-Sud Orsay). Depuis 2004, elle s’occupe du secrétariat de rédaction d’Évangile et liberté.

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