De son vivant on l’a pris pour un prophète, ou pour le Messie (l’oint, le Christ) mais jamais pour Dieu, c’était impensable pour un juif.
Ce n’est qu’au début du IIe siècle que les chrétiens ont commencé à se demander quelle était sa « nature » : est-il homme, est-il Dieu lui-même, ou simplement « Fils de Dieu » (titre messianique) ?… Dans les Églises naissantes, des opinions divergentes se sont affrontées, qui ont conduit à diverses « hérésies » (mot qui signifie étymologiquement « choix »).
Arius (260-335), professe que Jésus est une créature du Père, et n’est donc pas vraiment Dieu. Des conciles se succèdent pendant des siècles pour discuter de ce problème, Nicée, Constantinople, et jusqu’au concile de Chalcédoine (451) qui proclame que Jésus est « vraiment Dieu et vraiment homme ».
Au siècle des Lumières on commence à faire la différence entre le Jésus historique, le Jésus retranscrit par les évangélistes et enfin ce que l’Église en a fait. La méthode historico-critique fait évoluer les esprits.
Aujourd’hui la recherche théologique ouvre de nouvelles pistes de réflexion. Jésus est homme et Jésus est « Christ ». Pour le théologien du Process John Cobb, le Christ n’est autre que Dieu qui transforme, « ce qui nous déplace au-delà de ce que nous avons été, ce qui nous transforme d’une manière créative et nous ouvre sur le futur » (cf. le cahier du n° 205 d’Évangile et liberté).
Dans le cahier de ce mois, deux auteurs nous parlent de l’humanité de Jésus, dans des styles très différents :
– Étienne Babut, qui a travaillé dans une école d’éducateurs spécialisés, après avoir été pasteur de l’E.R.F. en paroisse, cherche, dans une démarche très réformée, à libérer le Christ de sa divinité pour retrouver l’humanité de Jésus de Nazareth à travers les témoignages que la Bible nous a transmis.
– John Shelby Spong a été évêque anglican de Newark, dans le New Jersey, aux États-Unis. Nous avons déjà publié dans les numéros 182 et 191 d’Évangile et liberté deux chapitres de son livre Pourquoi le christianisme doit changer ou mourir (qui n’a pas été édité en France), traduit de l’anglais par Maryvone Orliac. Nous proposons ici des extraits du huitième chapitre de ce livre, qui traite également de l’humanité de Jésus. La notion de théisme que Spong combat correspond à l’idée d’un Dieu représenté sous la forme d’une entité indépendante du monde, extérieure au réel, à laquelle il serait possible de se référer comme à un être tout autre, suprême, abstrait.
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