Évangile et Liberté Penser, critiquer et croire en toute liberté
La pensée, le langage, la philosophie, les sciences, les religions ont toujours été en évolution et en interaction. Le christianisme, dans ses concepts et son expression, a été marqué au cours des siècles par la culture ambiante.
Il y a des analogies entre les cultes à Mystères (culte de Mithra, culte de Dionysos) répandus dans le monde gréco-romain des premiers siècles, et les cultes des premières communautés chrétiennes (les repas rituels par exemple). Le 25 décembre était la fête de la naissance du dieu solaire Mithra ; l’Église, au IVe siècle, a repris cette date pour fêter la naissance de Jésus. Ces analogies n’entraînent pas obligatoirement emprunt ou filiation mais correspondances culturelles.
Anselme de Cantorbéry développa au XIe siècle la notion de mort sacrificielle de Jésus, fils de Dieu, pour racheter le péché originel et calmer la colère de Dieu. Cette théorie convenait bien à l’état d’esprit de l’homme du Moyen-Âge, dans un monde féodal fortement hiérarchisé, où chacun s’efforçait de complaire à son suzerain et devait racheter ses manquements à son égard. Elle apparaît aujourd’hui inacceptable.
À la suite de la Renaissance, le XVIIe et le XVIIIe siècle ont fortement fait évoluer la théologie chrétienne. « Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Voilà la devise des Lumières. », écrivit Kant. Les philosophes de cette époque ont marqué le domaine des idées par leurs remises en question fondées sur la « raison éclairée » et sur l’idée de liberté. Par leurs engagements contre les oppressions religieuses, morales et politiques, ils ont combattu l’irrationnel, l’arbitraire et la superstition des siècles passés. L’exégèse historico-critique est fille des Lumières. Bien qu’on puisse faire remonter le protestantisme libéral au XVIe siècle, avec Castellion, il s’est développé dans l’atmosphère de la philosophie des Lumières.
Aujourd’hui le monde occidental est déchristianisé et, si le message d’amour de Jésus de Nazareth est toujours bien accueilli, le discours classique des Églises sur Dieu laisse, au mieux, indifférent. Nos contemporains n’y trouvent pas les réponses à leurs interrogations existentielles. Le langage, la formulation des concepts ne se sont pas adaptés assez rapidement. « Bon nombre de croyances et de convictions chrétiennes sont insignifiantes car elles font référence à des données doctrinales ou religieuses devenues étrangères » (Raphaël Picon, Dieu en procès, éd. de l’Atelier, 2009).
Louis Pernot, pasteur à l’Église réformée de l’Étoile, présente dans ce dossier les problèmes qui se posent aujourd’hui au christianisme et qu’il doit résoudre pour être fidèle à sa mission.
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