Le 500e anniversaire de la naissance de Calvin est célébré cette année.
Au lancement de l’année Calvin 2009 par la Fédération protestante de France, le pasteur Jean-Arnold de Clermont qualifiait Calvin d’« accoucheur du monde moderne […] qui a repensé les rapports du sacré et du profane ».
Homme d’Église et homme d’État, humaniste éclairé, Calvin était plein de contradictions.
À propos des confessions de foi, Calvin dénonça : « cette tyrannie dans l’Église que soit tenu pour hérétique quiconque n’aurait pas répété les formules établies par un autre ». Pourtant il fut responsable de la condamnation de Michel Servet, brûlé vif pour hérésie à cause de son opposition à la doctrine de la Trinité.
Menant une vie ascétique et studieuse, Calvin fut un homme austère. Pourtant son Traité des reliques est un ouvrage irrévérencieux et d’un humour inattendu. Évoquant par exemple les lieux innombrables à posséder,comme relique, du lait de la Vierge, Calvin écrit : « Tant y a que si la sainte vierge eût été une vache et qu’elle eût été nourrice toute sa vie, à grand peine en eût-elle pu rendre telle quantité. »
Ne supportant pas ses contradicteurs (comme Sébastien Castellion), Calvin a été surnommé « le Pape de Genève ». Pourtant il a démocratisé le ministère de l’Église ; il a instauré une culture de collégialité dans la gestion d’une communauté : le système synodal. Certains pensent que cette réforme porte en germe l’émancipation de l’être humain, l’exercice d’une souveraineté par le peuple et peut-être même la démocratie.
Si sa théologie de la double prédestination est inacceptable de nos jours, on ne peut qu’adhérer lorsqu’il déclare : « Jamais un métier ne sera approuvé de Dieu s’il ne revient au profit de tous » (Sermon 31 sur les Éphésiens) ; pour lui, le domaine spirituel et le domaine temporel ne peuvent pas être séparés car on ne peut servir Dieu sans rechercher l’utilité sociale pour ses semblables. Calvin a renforcé l’unité entre le croire et le faire, entre la liberté et la responsabilité. Il a étayé les ponts entre la pensée humaniste et les convictions chrétiennes.
Bernard Cottret, professeur à l’Université Versailles- Saint-Quentin, angliciste et historien, met en question dans les pages qui suivent le rapport entre Calvin et le calvinisme. Il nous propose aussi de découvrir deux extraits (savoureux) du Traité des reliques.
Bernard Cottret a publié Calvin en 1995 chez Lattès (rééd. en format poche aux éditions Payot), et il a introduit et annoté Le traité des reliques du Réformateur en 2008 (voir la recension dans le no 223 d’Évangile et liberté).
Pour faire un don, suivez ce lien