Intercession

  Lorsque, dans un culte, on prie pour les autres, l’usage protestant est de parler de « prière d’intercession ». Les catholiques, eux, usent de l’expression bien plus belle de « prière universelle ».

  Le mot « intercession » n’est pas très agréable : il véhicule les relents d’une théologie archaïque présentant Dieu comme un tyran auprès duquel il faudrait intercéder pour que sa colère ne se déverse pas sur quelque innocent, et pour qu’il montre, enfin, un peu de bonté et de compassion.

  L’idée de départ est certainement de s’ouvrir au monde pour nous souvenir que nous ne sommes pas seuls, qu’il y a autour de nous d’autres frères humains, et que nous les confions à Dieu. Nous pouvons ainsi partager ensemble avec Dieu cette préoccupation à leur égard, afin qu’il accompagne chacun et nous aide à agir pour eux.

  Mais il ne s’agit pas d’ « intercéder » auprès de Dieu pour attirer son attention sur ceux qui seraient l’objet de son indifférence, ni, encore moins, de tenter de fléchir la colère qu’il réserverait à certains, alors frappés de malheurs. Dieu, bien sûr, se préoccupe déjà de tous les malheureux.

  L’expression « prière universelle » est bien plus belle. Il est dommage qu’elle se transforme, le plus souvent, en une sorte de liste de doléances adressées à Dieu, évoquant tous les problèmes du monde, comme si Dieu allait s’en préoccuper grâce à notre demande.

  Cette prière pour les autres, elle est pour partager ensemble, et avec Dieu, dans la foi, notre préoccupation pour eux ; non pas pour que Dieu agisse à notre place, mais pour qu’il sanctifie, transforme, oriente notre préoccupation, afin que nous sachions agir de la meilleure manière, et que dans la prière, notre pensée, et toute la force de notre amour, par Dieu, puissent les atteindre.

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