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Hors-la-loi

Réalisé par Rachid Bouchareb, avec Jamel Debbouze, Roschdy Zem, Sami Bouajila, Chafia Boudraa Bernard Blancan…Durée : 2h18min.

Dès le début du film le ton est donné. Une famille est expropriée par les gendarmes français de leurs terres agricoles algériennes en 1920 car elle ne peut pas fournir d’acte de propriété. Elle se réfugie à Sétif et le 8 mai 1945, c’est le terrible massacre des Algériens qui manifestent pour leur indépendance. Le spectateur va alors suivre le cheminement de trois frères : Messaoud (Roschdy Zem), l’aîné, militaire, part pour l’Indochine, Abdelkader (Sami Bouajila), le deuxième, pris dans la manifestation de Sétif, est interné à la prison de la Santé et le plus jeune Saïd (Jamel Debouze) débarque en France dans le bidonville de Nanterre avec sa mère (Chafia Boudraa). Ce dernier a recueilli le dernier souffle de son père en Algérie où ses sœurs ont été assassinées. Les trois frères vont s’engager sur des trajectoires différentes marquées par les multiples violences ayant déchiré leur pays épris d’indépendance : Abdelkader soutenu par Messaoud, devient l’un des dirigeants du FLN sur Paris alors que Saïd tente de se trouver une place « confortable » à Paris.

Le réalisateur, Rachid Bouchareb, nous montre des personnages qui se battent chacun à leur manière pour échapper à la misère, Abdelkader affirmant même que « la violence finira toujours par nous servir ». C’est un drame familial et une odyssée humaine dont la mise en scène rappelle Michael Man avec beaucoup de rythme et d’action, une caméra en perpétuel mouvement, mais en plus des fusillades presque hollywoodiennes aux allures de western moderne. Cela donne un rythme qui contrebalance les tendances mélodramatiques lorsqu’ un drame se produit. Le film est en plus porté par un casting excellent.

A la conférence de presse à Cannes, le réalisateur et les acteurs (à l’exception de la mère), ont insisté pour dire qu’ils étaient de nationalité française. Est-ce une réaction à la manifestation hostile et partisane qui se déroulait à l’extérieur ? Laissons là ce type de polémique stérile. Le point de vue donné dans le film sur cette guerre est peut-être pour certains à dominante un peu trop algérienne mais le réalisateur fait preuve de beaucoup d’humanité et de courage pour montrer toutes les exactions commises, y compris celles du FLN. Pour couper court aux critiques relatives au manque de fidélité historique qui apparaît évident pour les événements de Sétif, le réalisateur a affirmé qu’il avait réalisé une fiction. Précision nécessaire pour certains mais inutile pour les cinéphiles avertis qui savent très bien qu’un tel film, avec un scénario spécifique, ne peut pas être considéré comme un documentaire historique.

Nous encourageons le lecteur à voir ce film qui ne manquera pas de le faire réfléchir, même réagir et en discuter avec d’autres. N’est-ce pas ainsi que nous nous enrichissons ?

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À propos Pierre Nambot

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