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Georges Khodr

Georges Khodr est l’une des grandes figures contemporaines du christianisme oriental et de l’Église orthodoxe. Le pasteur Jean-Jacques Maison nous présente quelques traits saillants de la pensée du théologien.

  Né en 1923 à Tripoli au Liban, Georges Khodr est évêque de l’Église Grecque orthodoxe (Église d’Antioche). Très engagé dans l’oecuménisme et le dialogue interreligieux, il n’a cessé de repenser la tradition orthodoxe pour la rendre mieux compréhensible aux musulmans, et de questionner le christianisme à la lumière du Coran et de l’islam. On doit à Georges Khodr d’avoir revendiqué et promu le concept d’arabité pour souligner la dimension conviviale et inclusive de la culture arabe. Dans une région du monde complexe et un pays, le Liban, ravagé par de nombreuses années de guerre, Khodr a toujours récusé toute instrumentalisation religieuse des systèmes politiques. Il est l’auteur de nombreux livres traduits dans le monde entier et d’innombrables chroniques, très savoureuses, publiées dans le grand quotidien libanais Al Nahar. Georges Khodr a été promus docteur honoris causa de la Faculté de théologie protestante de Paris puis de l’Institut orthodoxe Saint Serge

  Dans son ouvrage intitulé Et si je disais les chemins de l’enfance, Georges Khodr souligne la richesse de l’émerveillement. « Refuser la contemplation d’un beau visage relève d’un refus de voir la beauté de l’âme. » Esthétique et spiritualité sont pour lui inséparables : « Toute âme chrétienne s’embellit à la fréquentation de l’Évangile. La vraie beauté du christianisme réside dans une synthèse de toutes (les) lumières qui embellissent nos âmes, mais qui ne sont rien face à la beauté du Christ ; c’est en cette beauté, et en elle seule, qu’est réellement l’Église. […] Le visage de Dieu, vu par nous, devient une puissance de transfiguration. »

  « Le temps passé à la célébration de la divine liturgie a un goût d’éternité. » Durant la liturgie, la communauté va « perdre son âme pour retrouver sa liberté et accueillir l’humanité inconditionnellement, telle qu’on la trouve dans sa diversité et son malheur ». Du mouvement oecuménique où il se réjouit d’avoir « retrouvé des compagnons de diverses confessions chrétiennes », il déplore les dérives bureaucratiques, et s’interroge : « Qui peut nous assurer que son unité, une fois retrouvée, ne sera pas de nouveau brisée ? » Il met en garde contre le danger « de faire de la réalisation de l’unité un point de fixation ». « Ne formons-nous pas plusieurs mondes différents dans notre façon d’approcher la prière et l’action ? » « Le Christ se rend présent où il veut. Il est le compagnon de route de tous les baptisés, indépendamment de l’orthodoxie de leur foi ou de leur expérience spirituelle. »

  Son ouvrage L’appel de l’Esprit commence par un « Appel aux chrétiens » : « Vous n’êtes pas le but de ce monde ! Le monde n’a pas été créé pour vous servir, c’est plutôt vous qui avez été appelés à être des serviteurs. » Khodr reconnait que « la sphère de l’État et celle de l’Église ont été si intimement mêlées dans la conscience historique de l’Orthodoxie que les chrétiens n’avaient plus aucun souci du témoignage évangélique face à l’injustice de l’État orthodoxe ou de l’État athée ». L’Église, située devant Dieu et non dans l’opposition au monde créé, « est pour cette humanité une promesse de transfiguration ». Il écrit encore : « L’Esprit saint intègre ceux qui, dans toutes les nations, cherchent en tâtonnant l’avènement de la justice et de la vérité. » Le prêtre est un envoyé dans le siècle, « sa fonction pastorale dans la communauté ne saurait le retrancher de la réflexion politique. Le message du Christ n’est intelligible que dans le cadre de la civilisation à laquelle appartiennent nos auditeurs ». « Tout pouvoir doit être interpellé en vue de la justice. »

  L’unité de l’expérience spirituelle entre l’Occident et de l’Orient trace les lignes d’une théologie libératrice, concrète, plus actuelle que jamais face à l’évolution du monde. C’est dans l’action, comme le dit un chant byzantin, que les chrétiens pourront accéder à l’échelle de la c ontemplation. 

  

Et si je disais les chemins de l’enfance, Éditions du Cerf, Paris 1997.

L’appel de l’Esprit, Éditions du Cerf, Paris 2001.

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À propos Jean-Jacques Maison

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