Dieu n’est pas partial

Dans les chapitres précédents, Étienne vient d’être lapidé. Saül a connu son chemin de Damas et s’est converti. Peu après, Pierre, ce vieux routier de la foi, va connaître son chemin de… Césarée, rencontrer de nouveaux visages et mieux comprendre Dieu.

   À Lydda, Pierre rencontre un homme juif d’origine grecque, paralysé depuis huit ans. Cet homme porte un nom typique : Énée, le héros des récits grecs. Dans la légende de Troie, Énée vécut des épreuves et dut porter son père pour le sauver. Or, ironie du sort, dans ce livre des Actes, Énée est celui qui ne peut même pas se porter. Face à lui, Pierre est appelé pour remplir le même rôle que Jésus, le rôle du guérisseur. Mais la différence est qu’il opère cette guérison au nom de Jésus-Christ : « Énée, Jésus-Christ te guérit. » Puis il ajoute : « Lève-toi et arrange toi-même ton lit. » L’homme guéri doit se prendre en charge, tout comme Pierre s’est pris en charge.

Deuxième rencontre : Tabitha

   Après un homme, une femme Tabitha, qui signifie gazelle. Cette femme juive, généreuse et croyante, vient de mourir. Pierre est appelé à son chevet. Une fois de plus, appelé par d’autres, à rejouer le même rôle que Jésus. Il commence par éloigner les bavardes rassemblées autour d’elle : « Tabitha, lève-toi. » Cette fois, il lui donne la main pour l’aider à se relever. Dans ces deux rencontres, Pierre fait ce qu’on attend de lui. Il guérit, comme autrefois Jésus guérissait. Il le fait au nom du Christ. Mais il ne dialogue pas avec les personnes relevées. Après cette guérison, Pierre prend du temps à Joppé. Il est toujours en Judée, mais proche de la frontière avec la Samarie ; qui dit frontière, dit souvent changement, bouleversement.

Troisième rencontre : Corneille

   Après le Grec Énée, la juive Tabitha, voici le Romain Corneille. Pierre a rencontré en peu de temps trois cultures du bassin méditerranéen. Le voici en Samarie, à Césarée, appelé par Corneille, après avoir eu une vision à un moment où il avait faim. Qu’est-ce qu’une vision ? Dans la Bible, plus l’événement raconté est surnaturel, invraisemblable, plus il traduit une vérité existentielle, impossible à décrire ; c’est le cas des miracles. C’est le cas des visions. Et cette fois, la rencontre, c’est-à-dire l’échange de paroles, va avoir lieu en vérité entre les hommes.

   Qui est Corneille ? C’est un centurion romain, généreux et croyant. Il a une vision : un ange lui demande d’inviter Pierre chez lui. Corneille obéit et envoie des hommes demander à Pierre de venir, sans bien savoir pourquoi. Pierre, lui, est perplexe, après un étrange rêve éveillé : il voit une nappe descendre à lui avec des animaux : des quadrupèdes, des oiseaux et des reptiles. Puis il reçoit la convocation de Corneille et se rend chez lui. Alors qu’attend Corneille de Pierre ? Pierre, le vieux routier de la foi. Pierre l’homme qui a renié Jésus par trois fois, avant de repartir à son service. Ici, Pierre est en confiance. Il est chez un Romain parce qu’il croit en Dieu. On ne lui fera pas de mal. Pas cette fois…

   Pierre prend la parole et a cet aveu stupéfiant pour un homme qui a passé plusieurs années avec le Christ : « En vérité, je découvre que Dieu n’est pas partial. » Dieu est impartial.

   Dieu ne fait pas de favoritisme. Qu’est-ce que cela veut dire ? Dieu ne se préoccupe pas de la nationalité des individus. Dieu aime les hommes, indifféremment de leur nationalité.

Le chemin de Césarée

   Il a fallu un temps incroyable à Pierre pour découvrir l’hospitalité de Dieu. Il a fallu un chemin d’humilité et d’écoute pour s’ouvrir à une vérité. On peut dire qu’il s’est converti chez Corneille. L’ange n’est pas celui que l’on croyait. Le chemin de Lydda à Joppé est pour Pierre semblable au chemin de Damas pour Paul.

   Dans les deux premières rencontres, Pierre guérit autrui. Dans la troisième rencontre, c’est Pierre qui est converti et guéri de sa vision partiale. Dieu n’est pas réservé à quelques uns.

   Guérir est une conversion.

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