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Dieu en procès

Raphaël Picon, rédacteur en chef d’Évangile et liberté, et professeur de théologie pratique à l’Institut protestant de théologie, a publié en avril 2009 Dieu en procès, un ouvrage dans lequel il expose pourquoi la critique de la religion est essentielle pour la liberté. La quête de sens de nos contemporains ne peut aboutir qu’après une réflexion critique sur Dieu et la religion. Olivier Guivarch présente ce livre facile à lire, important pour la théologie libérale, et qui devrait intéresser tous nos lecteurs !…

Le titre implique un plaidoyer mais le lecteur non averti sera surpris de sa nature car Raphaël Picon trouve la critique salutaire. Ce principe du protestantisme libéral remet en cause bien des présupposés sur la foi et c’est ainsi qu’on peut lire : « […] pour croire, on doit comprendre ce que l’on croit. Croire en Dieu, c’est savoir en quel Dieu nous croyons. »

 

Après une brève mise en garde des dangers d’une religion hermétique à toute critique, l’auteur expose les interactions entre critique et religion. Le dialogue établi, il ressort que « la critique est constitutive du religieux ». Cette première partie reste théorique mais elle est essentielle : la critique ne vient pas que de l’extérieur, le fait religieux est aussi le produit d’une critique interne, tel le prophète qui ébranle les institutions.

 Quand Dieu ne signifie plus rien, quand on retient du christianisme les pires aliénations qu’il a produites au cours de son histoire, il est en effet temps de faire de la théologie autrement. La deuxième partie de l’ouvrage propose au lecteur quelques exemples de théologiens qui se sont affranchis des représentations traditionnelles de Dieu et qui se sont confrontés à l’incroyance et à l’indifférence. Raphaël Picon cite volontiers Paul Tillich, Albert Schweitzer, Wilfred Monod, John B. Cobb, entre autres, qui ont tous résolument placé leur théologie au coeur de la contemporanéité.

 C’est ici que l’on saisit la place du protestantisme qui « valorise et intériorise la critique », dont la mouvance libérale a particulièrement fait droit à la multiplicité d’interprétation, à la relativité des dogmes et pratiques et à la liberté de penser.

 Cet essai pourrait aussi s’intituler : une théologie de la crédibilité. La troisième partie invite à penser un Dieu de l’extravagance et du raisonnable, comme les deux versants d’une même montagne.

 « Une théologie de la crédibilité affirmera donc la possibilité d’un Dieu pensable et pouvant être raisonnablement cru, sans pour autant se trouver limité et enclos dans les conditions de ce pensable. »

  La visée apologétique d’une telle théologie est pleinement assumée dans le sens où elle proclame un Dieu acceptable pour nos contemporains, mais malgré tout surprenant, un Dieu qui bouscule nos limites, en considérant que le processus ne peut s’arrêter : « La critique est potentiellement inépuisable […], une réponse peut […] susciter de nouvelles interrogations. »

Un dialogue avec Alain Houziaux, responsable éditorial, conclut l’ouvrage et explicite le double sens du titre : Dieu en procès, « par la charge critique qui s’abat sur lui », Dieu en procès car il « serait une réalité narrative, processive, qui évolue, se transforme ».

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À propos Olivier Guivarch

est secrétaire général adjoint d’une fédération syndicale de salariés, après avoir étudié la théologie protestante et exercé le métier de libraire. Il participe au comité de rédaction depuis 2004.

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