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Des dieux et des hommes

 Le cinéaste Xavier Beauvois nous transporte 1996, dans le monastère de Tibehirine perché dans l’Atlas algérien où vivent huit moines trappistes français. L’Algérie est gangrenée par l’intégrisme religieux et après le massacre d’un groupe de travailleurs étrangers par des terroristes, l’Etat algérien propose son aide aux moines qui sont eux aussi menacés.

Beauvois nous fait pénétrer dans ce lieu pour ainsi dire interdit où la condition de reclus est paradoxalement vécue comme une liberté de l’esprit. « J’ai décidé de répondre à une autre forme de l’amour » confesse frère Luc (Michaël Londasle).

Le chef de la communauté, Frère Christian (Lambert Wilson), refuse catégoriquement la proposition algérienne car c’est une question de principe. Cette position donne alors lieu à un débat dans lequel la foi des moines est en prise avec leur faiblesse. A quoi bon finir en martyr ? Fuir, est-ce renoncer à sa mission ? Et s’ils partaient, qu’adviendrait-il de la population du petit village voisin, à qui les moines apportent soins, médicaments et instruction ? Quel message enverraient-ils à ceux qui croient encore au dialogue entre les religions ?

Le spectateur assiste à ce combat intérieur au rythme des psaumes et des cantiques qui en apaise l’enjeu. Le doute est finalement transcendé, le fanatisme a perdu, ils resteront et donneront un signe fort de liberté, de paix et d’amour dans l’intégrité de leur foi. Cela veut aussi dire que face à la certitude de la mort, l’accomplissement d’un homme est possible mais il lui faut du courage, de l’abnégation, avoir la Foi ou tout simplement la foi en la vie.

La caméra de Beauvois ne traque pas une vérité judiciaire, bien au contraire, elle nous entraîne dans une recherche de la vérité spirituelle. La mise en scène est très dépouillée, à l’image de la vie de ce monastère. Les visages des moines nous sont montrés avec beaucoup de pudeur, ils se crispent ou sourient et plongent le spectateur dans ce profond dilemme. L’interprétation est pleine de tact et de retenue ave des acteurs remarquables. Le cinéaste laisse aussi une place importante aux moments partagés avec les villageois dans le respect de l’islam. Les prières interminables, les chants répétés et certaines scènes à valeur symbolique un peu trop prononcée peuvent contrarier certains esprits mais ils traduisent pourtant bien l’ambiance de ce lieu particulier : ces moines ne sont pas tout à fait des hommes et pas vraiment des dieux.

Ce film, le plus primé de la 63e édition du Festival ce Cannes (Grand prix du jury, prix du jury oecuménique, prix de l’Education nationale) est un très grand film qu’il faut voir.

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