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Chacun un omer

Qu’il est difficile de partager ! Depuis les premiers livres de la Bible, Dieu demande aux hommes de partager. Ainsi dans le livre de l’Exode la manne est offerte au peuple hébreu, sous réserve que chacun n’en prenne pas plus d’un omer (environ 2 litres). De nos jours, le problème reste entier !

   Libéré du joug égyptien, le peuple hébreu était appelé à se donner des règles pour vivre ensemble et l’une des premières règles dans le désert fut celle de se nourrir. Se nourrir d’une manne donnée (Ex 16). Chacun un omer et le vivre ensemble était rendu possible.

   Mais voilà qu’il y en eut qui s’en mirent plein les poches…

   Combien ce récit résonne dans l’actualité de notre monde où les spéculateurs sans vergogne se tournent vers les marchés des matières premières pour gagner de l’argent et encore de l’argent, au détriment de la faim des peuples de la terre.

   Ne nous voilons pas la face ! La crise alimentaire mondiale ne doit étonner personne. Elle est la conséquence de choix économiques et politiques désastreux qui louent les bienfaits de la libéralisation des marchés et leur dérégulation.

   Face au krach boursier de cette fin 2008 que nous savions inéluctable, allons-nous continuer à être adeptes de la religion de la croissance pour la croissance ? Ou bien allons-nous nous atteler à cette question : qu’estce qui doit croître, qu’est-ce qui doit décroître pour un monde autre ? Parce que l’enjeu est bien là : je ne vois pas d’autre solution que de vivre autrement, parce que le modèle productiviste est mortifère et en porte à faux avec les valeurs de solidarité, de respect et de partage. Un omer par tête : redistribution des richesses oblige.

   Première règle pour le vivre ensemble : permettre à chacun de se nourrir et pas n’importe comment.

   Se nourrir est un droit. Ce droit à l’alimentation figure dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme (1948 : article 23,3) et dans le Pacte des droits économiques, sociaux et culturels adopté par l’assemblée générale des Nations Unies (1966). Il oblige les États à garantir à leurs citoyens l’accès à une nourriture suffisante, et à aider les autres États en difficulté. Ce droit est bafoué. Les règles actuelles du commerce international des produits sont en infraction au droit. Or, il est tout à fait possible d’argumenter juridiquement qu’une violation grave du droit à l’alimentation, comme une famine massive, et causée délibérément (ce qui est souvent le cas) est un crime contre l’humanité, donc justiciable du Tribunal Pénal International. Voilà un combat juridique de longue haleine à mener.

   Le droit à l’alimentation ne se limite pas au droit à un minimum de calories pour pouvoir survivre. C’est une condition sociale et politique de la condition humaine. C’est ainsi qu’à tous les échelons de décision (au niveau international, européen et national) jusqu’à notre panier de courses, nous pouvons être des acteurs du changement, solidaires des alternatives qui se sont mises en place et naissent au Nord comme au Sud dans une relation de réseaux.

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À propos Lise Lavallée

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