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Ce que veulent les libéraux

  Dans libéralisme, il y a liberté. À mes yeux, il s’agit d’une attitude de liberté spirituelle et intellectuelle bien plus que d’une dogmatique précise. La liberté de la foi fait une place aux besoins du coeur tout en suscitant l’interrogation et l’envie de comprendre. C’est donc une certaine veine qui appartient historiquement à la famille protestante, même si elle peut la déborder largement.

  Évangile et liberté est irrigué par cette veine qui peut être caractérisée par un certain nombre d’exigences.

  Les libéraux veulent penser la foi en jetant des ponts entre le milieu religieux et le monde qui l’entoure. Notre époque est marquée par un déclin sensible de la raison qui capitule devant l’émotion collective, le fondamentalisme et l’agressivité identitaire, alors que l’évolution scientifique et technologique n’a jamais progressé aussi spectaculairement dans l’histoire. Il est devenu nécessaire de penser ce que l’on croit sous peine de sombrer dans la schizophrénie et l’obscurantisme.

  Les libéraux sont des esprits laïcs. La laïcité est une conquête autant qu’une sagesse, qui doit quelque chose au génie protestant. On n’a pas encore trouvé mieux pour permettre la coexistence de celui qui croit au Ciel et de celui qui n’y croit pas. L’exigence de laïcité n’est pas seulement valable pour l’État, mais elle est tout aussi valable pour les organismes religieux. Elle devrait agir comme un outil de critique interne pour contrer la tentation, inhérente au religieux, d’envahir l’espace social.

  Les libéraux préconisent une tolérance ferme. L’idée évangélique de l’humanisation de Dieu implique une grande variété des approches spirituelles. Ce qui oblige à une culture de la tolérance. Aujourd’hui les clignotants annonçant la montée des absolutismes et des tensions sont au rouge. La tolérance passe pour une faiblesse. Nous appelons à une tolérance ferme, forte de sa propre vertu et qui ne se laisse pas instrumentaliser par les uns ou par les autres.

  Les libéraux ont le souci des besoins spirituels de leurs contemporains. Chaque génération aspire à une expression de foi qui lui soit propre. Nous traversons aujourd’hui des mutations aussi formidables psychologiquement que le furent celles de la Renaissance, l’époque où les Réformateurs répondirent à l’angoisse de l’homme de leur temps.

  Aujourd’hui, nous devons être à même de formuler des réponses spirituelles à l’angoisse de nos contemporains pris dans le tourbillon des transformations de tous ordres. La vraie place des docteurs est dans la rue.

  Les libéraux pensent que la réforme est un processus continu. L’Église est un instrument au service de la vie spirituelle de celles et ceux qui s’adressent à elle. Si les formes ne sont plus adaptées, il faut les re-former. Il s’agit de les penser et de les mettre en pratique.

  Évangile et Liberté est un laboratoire d’idées et d’expériences d’un christianisme d’ouverture depuis un siècle. Puisse-t-il continuer un siècle de plus !

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À propos Vincent Schmid

est pasteur dans l’Église protestante de Genève.

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