AU DÉBUT : UNE ABSENCE. Pour connaître ce que furent réellement Jésus et sa prédication, nous n’avons à disposition que des textes d’auteurs venus, après coup, raconter à leur manière ce qu’ils ont, eux aussi, reçu d’autres qu’eux. Ce non-accès à l’origine libère l’interprétation et aiguise l’imaginaire. Puisque personne ne détient les clés de la vérité ultime de Jésus, c’est à chacun de chercher ce que cette vérité peut être. Ce commencement qui nous échappe est une sentinelle en armes contre l’arrogance de ceux qui prétendent détenir le savoir définitif sur Jésus, sa vie, sa prédication. Ce que celle-ci a réellement été ? Personne ne le sait avec certitude, et cela même si les travaux de nombreux historiens nous permettent d’accéder à un savoir de plus en plus fiable. Être chrétien, c’est être l’héritier d’une longue lignée de témoins qui, de génération en génération, transmettent les textes en prenant soin de les rendre signifiants pour leur monde à eux, en fonction des impératifs du moment. Né lui-même d’une interprétation du judaïsme, le christianisme est une histoire d’interprétations faites de recherches et de tâtonnements, de reculs frileux et d’avancées créatrices. À l’instar d’une langue vivante, façonnée par le temps et faite de sédimentations successives, la religion chrétienne est composée de tout ce qui nous est transmis à son sujet, comme de tout ce que nous en faisons, nous, à chaque instant. Croire au Dieu de Jésus-Christ, c’est se laisser porter par ces siècles de témoignages rendus nécessaires par l’absence d’un savoir originel. C’est aussi se construire librement un rapport à Dieu qui fasse de lui, non seulement un mot ou une idée, mais un Dieu vivant, son Dieu, le Dieu que chacune et chacun aime, espère et attend. Au tout début : une absence qui est une invitation à penser et à croire en toute liberté.
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