Serait-il possible de « dire Dieu » tout seul, simplement pour soi-même ? Florence Couprie pense que non : pour elle, Dieu se tient dans l’échange, dans la parole, dans la relation.
Dire Dieu : je me tais ; puis retrouve tous ceux par qui Dieu en moi a résonné, me donnant de reconnaître sa présence en l’autre. « Tantôt il posait devant lui un verre qu’il sucrait avec lenteur et démontrait péremptoirement, en y faisant goûter les enfants, que Dieu est dans le monde comme le sucre dans l’eau : “On ne le voit pas, mais on le goûte” ». Je ne sais Dieu, par lui je ressens comme une force aimantée dont l’une des parties m’est intérieure et l’autre intérieure à l’ami rencontré, révélé par Christ : ainsi Dieu advient quand nous sommes en relation d’écoute, de compassion, de solidarité, de parole. Parole qui ne parle pas de Dieu (ce serait parole solitaire) mais est parlée par « le sucre » de Dieu en « le verre d’eau » qu’est celui qui parle. Parole qui n’oublie jamais qu’elle est relation avant tout à l’autre qui écoute. Parole qui se tient en « un lieu de vérité qui est entre qui, en moi, parle et qui je suis », mais pareillement en cet écoutant « autre qui est là, qui peut penser tout autrement que moi, refuser tout à fait, par exemple, mon idée de l’altérité ». Lieu de vérité qui habite ce doublement relatif, aux deux extrémités d’une relation humaine. Je vous parle par cet article d’Évangile et liberté et ne peux vous rejoindre que par d’autres paroles m’ayant rejointe, m’ayant précédée. « On croit encore que Dieu règne, qu’il juge, ou qu’il agit en nous et par le monde. Mais non ! Simplement, il rayonne. La lumière est sa façon d’être. »
Ainsi, vous le voyez, je ne saurais, seule, dire Dieu ! Tout cela est si difficile, et si simple à la fois. Être libre de tout désir de le chercher, de le trouver ; confiant en une non science de lui ; être toujours étonnée, émerveillée de ces parcelles d’instants furtifs où il me semble tutoyer l’éternité. Je terminerai encore par une citation, en vous laissant, tel un jeu, retrouver qui a parlé et où : Jacques Juillard, Maître Eckhart, Wautier d’Aygalliers à propos de Charles Wagner, Maurice Bellet m’ont accompagnée en cette méditation. « C’est pourquoi je prie Dieu qu’il me déprenne de Dieu. »
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