James Woody nous propose une vision très large du Saint Esprit : l’ouverture à une vérité lors d’une rencontre avec un texte, une personne, une situation
Un voilier sur une mer par temps calme : le clapotis des vagues agite faiblement l’embarcation et me rend malade. Une brise se lève, gonfle la voile. Le bateau prend de la vitesse, me fait oublier mon haut-le-coeur en m’entraînant vers l’horizon, vers un rivage, une autre terre, d’autres personnes.
Dans les langues bibliques, la ruah ou le pneuma désigne le vent, le souffle, que les traducteurs français restituent par « esprit ». Cela me parle du vent qui me permet de rejoindre un au-delà de moi-même. Rapporté au divin, cela me parle de toutes ces fois où je découvre ce que, jusque là, j’ignorais, ce que mes sens ne me permettaient pas d’approcher et qui me concerne pourtant de manière suprême. À la manière de l’esprit divin qui plane à la surface des eaux (Gn 1,2) et fait entrevoir la terre où il est possible de vivre, l’esprit me révèle une nouvelle terre habitable ou, plus exactement, une nouvelle manière d’habiter la terre, et de nouveaux êtres qui renouvelleront ma vie en renouvelant ma compréhension de la vie.
Je ne conçois pas le Saint Esprit comme un flux de pensées, une énergie ou quelque chose d’agissant, mais comme une manière de désigner tous ces moments où je prends conscience qu’il y a plus à penser, plus à espérer, plus à vivre que ce que j’imaginais. Un texte se met à faire sens pour moi. Une rencontre m’ouvre à d’autres considérations que mes sujets de prédilection. Je ne suis plus enfermé dans mon sectarisme mais j’accède à une dimension plus universelle de l’existence. Avec le vocabulaire théologique, j’appelle cela le témoignage intérieur du Saint Esprit. Ce n’est pas qu’un esprit supérieur serait intervenu, mais que je me suis ouvert à une vérité plus grande par le biais d’une rencontre avec un texte, une personne, une situation. Parler de la puissance de l’esprit, c’est reconnaître la réalité de mon déplacement à un moment donné. Cet élargissement de mon horizon qui m’offre plus de choix, plus de possibilité d’être, je peux le dire aussi avec les mots de l’apôtre Paul : « Là où est l’esprit du Seigneur, là est la liberté. » (2 Co 3,17)
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