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Dieu n’existe pas et Jésus est son fils

MYTHESL’exil à Babylone L’exil à Babylone (commencé en 597 avant Jésus-Christ) a permis au peuple juif d’entrer en contact avec des cultures où foisonnaient des religions mythologiques. Leurs mythes et leurs grands personnages ont été repris par le Premier Testament.

Puisque tout mythe est un récit inventé, mais porteur d’une vérité qui transcende le temps, nul besoin que les personnages et les événements aient été rigoureusement historiques. Bien que leur contenu soit intemporel, la langue qu’ils utilisent est, elle, toujours liée à l’époque et au lieu géographique.

Ainsi, dans l’Antiquité, le concept de « résurrection » n’avait rien d’extraordinaire ; le mythe du dieu mort qui ressuscitait trois jours plus tard était connu de diverses cultures ainsi que des religions initiatiques, ou « à mystères » (cultes d’Osiris, Dionysos, Attis, Mithra, etc.).

L’initié, à l’instar des dieux, devait mourir, puis renaître. Malgré les variantes locales, l’idée fondamentale était la même. Il ne s’agissait pas de dire comment les choses s’étaient terminées pour un dieu particulier, mais comment elles devaient se terminer pour les hommes, à savoir ressusciter.

Pour les Romains, le christianisme étaient une sorte de culte du soleil ou de Mithra : naissance virginale, bergers autour du berceau, douze disciples, résurrection au bout de trois jours. Pour un païen, devenir chrétien ne signifiait pas au début grand-chose, il remplaçait simplement Attis ou Mithra par Jésus.

JESUSJésus a dû bel et bien exister, puisque de nombreux témoins déclarent qu’il était quelqu’un de réellement extraordinaire. Mais qui il a été, nous ne le savons pas exactement. Nous ne le connaissons que par les témoignages de ses disciples, qui mêlent mythes païens et faits historiques. Lorsque l’apôtre Paul – d’ailleurs celui qui, le premier, donne à Jésus le titre de Christ – dit « mort pour nos péchés », ou qu’il parle de « mourir et ressusciter », il montre par là qu’il est familier des traditions initiatiques.

Hendrikse refuse la confusion habituelle entre Jésus et le Christ, en précisant bien que Jésus de Nazareth est mort et enterré, mais que le Christ, lui, est né APRES la mort de Jésus, grâce aux écrits de Paul et des évangélistes.

Le mystère pascal n’est donc pas l’événement du dimanche de Pâques, mais l’interprétation donnée après coup à la mort de Jésus, ce qu’ont vécu des disciples entre sa mort et la parution du Second Testament une ou deux générations plus tard. Après la mort de Jésus et la période d’abattement et de tristesse qui s’en suivit, les disciples se rappelèrent peu à peu que Jésus avait le don de susciter chez les gens en détresse, les aveugles et les paralysés, des forces nouvelles. Et ils sentirent revenir en eux cette même force de vie : non, Jésus n’était donc pas mort ; son corps, si, évidemment, mais pas ses paroles ni ce qu’il avait fait. La force dont il avait rayonné, rayonnait toujours, il était toujours vivant ! En d’autres termes le Jésus « mort » revenait à la vie après que les disciples eux-mêmes se furent relevés, eurent ressuscité.

Cependant, la jeune Eglise prétendit que l’histoire de Jésus, contrairement aux histoires mythologiques, devait, elle, être prise au sens littéral et considérée comme étant un fait historique.

Pour autant, tout cela ne nous en apprend pas davantage sur une vie après la mort ; nous savons seulement que l’initié doit, au cours de sa vie terrestre, mourir et se lever.

Par ailleurs, faire de Jésus une divinité ressuscitée des morts revenait à mettre au premier plan le caractère spectaculaire de sa mort, et non pas le message et l’exemplarité de sa vie. Jésus libère, non par ce qu’il a fait de sa mort, mais parce qu’il a montré par sa vie comment un homme peut se libérer lui-même : il faut pour cela être, et rester, fidèle à soi-même. Tu as ton propre chemin à suivre, moi le mien, et ni toi ni moi ne pouvons fuir nos propres responsabilités pour les faire porter par Jésus. Les autorités religieuses t’accuseront, comme lui, de blasphémer, il te faut accepter d’en payer le prix.

Je construis ma propre histoire à partir de celles que l’on raconte sur Jésus. Je n’ai certes pas besoin de lui pour croire en Dieu, mais il m’aide en cela car il est l’exemple parfait de quelqu’un qui a vécu de la vie même de Dieu, qui a permis à Dieu de surgir, de « se produire ». Ces moments trop rares dans nos existences étaient son quotidien. Je suis invité(e) à accorder ma vie à son histoire.

CROYANTS DE NOTRE EPOQUELes chrétiens sont nombreux à ne plus accepter ce qu’on leur a appris. Ils ne se contentent plus des discours des Eglises, et ils ne croient plus suffisamment en elles pour leur confier le salut de leur âme.

Les Eglises, pourtant, ne se remettent pas en question, et elles disent généralement que c’est la société qui va mal, mais pas elles. Elles ne se rendent pas compte de leur incapacité à donner des réponses satisfaisantes aux questions de nos contemporains pour qui la foi est une affaire d’expérience et non de dogmes surannés.

Ces gens-là ne sont pas athées, à preuve leur incessante quête spirituelle et leur vie de foi (hors des Eglises). Tout en se refusant le plus souvent à employer le mot de « Dieu », ils croient en une existence qui transcende le visible et le palpable. Pour les qualifier, un Néerlandais a inventé en 1997 le mot de « quelque-chosistes », repris en anglais sous le terme de « somethingists ».

Le « quelque-chosisme » n’est en fait pas nouveau. Dans un très lointain passé, on était conscient d’une vague réalité transcendante, qu’on appelait de différents noms. Par exemple, pour Israël, c’était Yahvé ; pour les Grecs, le principe fondamental, etc.

Le premier « quelque-chosiste » fut Abraham qui, se fiant au « quelque-chose » qui l’appelait, partit sans savoir où il irait (Hébr. 11, 8). Comme lui, les « quelque-chosistes » se mettent en route sans connaitre la destination, risquent l’aventure, mais en confiance.

Combien de fois ne disons-nous pas être touchés, émus, révoltés, stupéfaits ? Comment nommer ce qui est à l’origine de pareils sentiments? Certains diront que c’est Dieu, d’autres seulement que c’est « quelque chose » d’indéfinissable, et ils n’en demanderont pas davantage pour pouvoir continuer à vivre. Dieu est en fait un mot qui renvoie à quelque chose situé au-delà de la réalité visible, et non pas un être qui se trouverait quelque part, en un lieu géographique particulier.

Pour ce qui est de la mort, le Premier Testament est riche en images du passage de la mort à la vie : de l’Egypte au pays de Canaan, de l’esclavage à la liberté.

« Mort », cependant, ne signifiait pas la même chose que pour nous, et était à prendre au sens figuré : est mort celui qui trouve que sa vie n’a pas de sens, dont la manière de vivre ne mérite pas d’être appelée « vie ».

Lazare, par exemple, – toujours selon Hendrikse – n’était pas mort au sens physique, mais « seulement » aux sens païen et biblique. Il symbolise les gens qui sont vivants certes, mais pas d’une vie animée du grand souffle, si l’on peut dire. Lazare « ressuscita », autrement dit il mena dorénavant une vie au plein sens du mot ; de même les lépreux, les aveugles et les paralytiques qui furent guéris.

Dieu, dans le Premier Testament, est un Dieu des vivants, c’est–à-dire qu’il agit dans la période entre la vie et la mort. Il n’est pas le maitre de l’au-delà. La foi n’est pas le sésame pour entrer dans cet au-delà.

Les chrétiens ne suivirent pas les juifs dans leur conviction que la foi est au premier chef une affaire de vie ; pour les chrétiens, c’est l’après-vie qui est devenu le plus important.

Pour toutes les religions anciennes, la vie continue dans un au-delà. Seul le christianisme, prenant les textes bibliques au sens littéral, les a coupés de leur arrière-plan mythologique. On fit de Jésus un ressuscité physique, et on persuada les gens qu’il en irait de même pour eux. Le christianisme est ainsi devenu une sorte de médicament anti-mort.

Mais la mort est un domaine dans dont nous ne pouvons rien dire.

L’ouvrage se termine par la fameuse image de William Blake. Nous sommes sur le rivage, un bateau disparait à l’horizon, et c’est à notre esprit d’imaginer ce qui arrive à l’embarcation. Personne d’autre que nous n’est capable de répondre à nos interrogations personnelles. La vie elle-même est une question infiniment complexe, et la réponse est différente pour chacun.

.Divers critiques affirment que ce livre est le meilleur de tous les livres théologiques qu’ils ont lus ces derniers temps. Qu’on soit d’accord ou pas, cet ouvrage représente une invitation à réfléchir et croire en toute liberté. Il dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, brise des tabous, ce qui en soi est déjà libérateur.

On peut cependant regretter certains excès, notamment lorsqu’il affirme trop facilement que la vie s’arrête à la mort, sans évoquer ce que peuvent aussi nous apprendre les mystiques, les philosophies orientales, ainsi que certains phénomènes encore inexpliqués.

En tout cas, ce pasteur semble tout à fait honnête, et sa compétence théologique indiscutable. Considérons donc son livre comme une remarquable base de réflexion personnelle et en groupe.

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3 commentaires

  1. robert bastide -nîmes

    A la lecture de la présentation du dernier ouvrage de Klaas Hendrikse consacré à Jésus , nous sommes ici bien ancré dans la grande lignée libérale des théologies du Process ,de P.Tillich ,de John Spong…..

    Hendrikse refuse la confusion entre Jésus de Nazareth et le christ comme les théologiens du process qui soulignent aussi que la nature de l’événement pascal ne constitue pas un probléme central pour la foi car nous vérifions , concrétisons la Résurrection quand nous la vivons entraîné par le dynamisme créateur de Dieu…

     » Je crois en quelque chose qui dépasse la réalité mais qui ne trouve pas de réponse dans les Eglises ».P.Tillich invitait aussi ses lecteurs à discerner dans l’existence l’appel profond à la vie et à y reconnaitre la manifestation de la divinité , ils pourront comprendre que le Dieu qui est en eux est le Fondement de leur Etre ,et il est bien différent du Dieu theiste dont on leur avait parlé.

    Le « Quelquechosisme  » de Hendrikse …

    « c’est la rouah ,le vent de Dieu qui n’est pas extérieur et qu’il a plutôt émergé de l’intérieur du monde comme fondement , la source de la vie « , écrit J.Spong.

    Nous pourrions continuer et comparer…

    Mais ,puis-je , ici , formuler un voeux !

    pour que naissent des groupes de réflexions ..informels ou pas dont le dénominateur commun serait de s’inscrire..dans un christianisme non théiste.

  2. J’en suis venu à penser, ici de manière trop résumée, que :

    Kristos est un dieu gréco-judaïque qui s’est constitué progressivement dans les milieux juifs des grandes villes de l’est de la Méditerranée hellénisés depuis des siècles, sur un proto-christianisme antérieur au premier siècle (voir par exemple le Livre d’Enoch qui sera plus tard encore utilisé par des églises chrétiennes et l’essénisme avec le Fils de l’Homme).

    Ce nouveau dieu est une expression de l’intégration d’une certaine population juive éloignée de la tradition, moderne et ouverte à la culture dominante.

    Ce dieu de nature purement spirituelle reprend entre autres la thématique de la résurrection commune à d’autres cultes à mystères. Les écrits de « Paul de Tarse » présentent une vision de ce dieu. Le Logos du juif Philon d’Alexandrie fera plus tard partie de l’approche johannique.

    Les débuts du christianisme sont diffus et multiformes. La forme dominante ultérieure s’attachera à séparer ce qu’elle considère comme le bon grain de ceux qui seront, dès le IIème siècle, appelés les hérétiques.

    Parallèlement, en Palestine occupée par les romains, le vent de révolte qui se met à souffler culminera en conflit armé en 70 et, bien que durement réprimé, reprendra en 135.

    C’est dans ce contexte que nait l’attente messianique. La figure d’un homme-sauveur « Dieu sauve » = Yeshoua = Jésus prendra forme sur ce terreau.

    Tout d’abord figure d’un homme adulte « oint » qui promet la délivrance personnelle et collective, sans enfance et condamné à mort par l’ennemi non-juif, le récit de sa vie sera enrichi pour faire coïncider les différentes approches en vigueur.

    Le concept de fils de Dieu, d’origine grecque ainsi qu’égyptienne, lui sera appliqué en opposition avec la vision juive traditionnelle d’un dieu non personnalisé.

    Le IIème siècle amènera une stabilisation progressive du personnage, ou plutôt des différents Christ et Jésus établis par de nombreuses églises/groupes du mouvement chrétien.

    Finalement, l’église de Rome imposera peu à peu sa version. L’alliance avec un chef de guerre qui s’emparera du trône impérial au IVème siècle permettra l’établissement public de ce christianisme-là.

    La figure du dieu romain Deus Pater, nouvel avatar de Zeus Pateras-Jupiter, et père de Jesus-Kristos/Christus sera définie en Orient par une série de conciles qui incorporeront par ailleurs la mère des dieux.

  3. Aujourd’hui, je découvre cet article écrit il y a un an déjà .

    J’admire la science théologique , la connaissance historique et l’intelligence de l’auteur du texte et des commentateurs . J’ai lu et relu …

    Et qu’est-ce qui m’a laissée perplexe ? Pas une fois n’apparaît le mot AMOUR !

    Or la « Bonne Nouvelle » annoncée par Jésus, et ses disciples après lui, n’est-elle pas : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés: demeurez dans mon amour… » (Jean 15, 9) ?

    Nombre de chrétiens n’ont jamais entendu parler de ZeusPateras , mais essaient simplement de mettre au centre de leur vie ces paroles de l’apôtre :

    « Mes bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, car l’amour vient de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et parvient à la connaissance de Dieu. » (1Jn 4,7)

    Et il ne s’agit pas de prendre une assurance pour une « après-vie » …. mais de vivre aujourd’hui en enfants de Dieu .

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