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15 août, Assomption de Marie

 J’en parle sans faire le moins du monde d’anticatholicisme à l’égard de nos partenaires catholiques et de mes amis prêtres : beaucoup d’entre eux sont très contents que nous disions tout haut, nous protestants, ce qu’ils pensent, eux, tout bas. On se souvient que plusieurs dizaines d’évêques ont adjuré le pape Pie XII de ne pas promulguer le dogme de l’Assomption, ce qu’il a pourtant fait le 1er novembre 1950 en s’appuyant – ce fut la première fois dans l’histoire de l’Église catholique – sur son « infaillibilité » qui lui avait été reconnue en 1870 par le concile de Vatican I :

« Nous affirmons, Nous déclarons et Nous définissons comme un dogme divinement révélé que l’immaculée Mère de Dieu, Marie toujours vierge, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, a été élevée en corps et en âme à la gloire céleste. »

Ce dogme est analogue à celui de l’« Immaculée conception », promulgué par Pie IX le 8 décembre 1854, qui ne concerne pas la naissance miraculeuse de Jésus mais celle de Marie, « conçue immaculée », c’est-à-dire être marquée par le « péché originel ».

Ces deux dogmes vont de pair avec les nombreux titres honorifiques qui lui sont traditionnellement attribués dans la piété catholique : Reine du ciel, Rose mystique, Étoile du matin, reine des anges…

Notre spiritualité protestante suit un chemin bien différent. Nous centrons notre foi, notre espérance et notre amour sur la présence et la grâce de Dieu qui transfigure notre vie humaine, nous dynamise, nous apaise, nous renouvelle, nous « sauve ». Une présence divine qui monte en nous, selon le Témoignage intérieur du Saint-Esprit. Ce n’est pas ainsi que nous voyons Jésus s’approcher des femmes dans leur situation quotidienne, souvent aux prises avec de terribles problèmes et assumer leur situation : que l’on pense par exemple aux repas pris avec les prostituées ou à la scène de la femme adultère menacée de lapidation en Jean 8, qu’il sauve en disant : « Que celui qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle ».

Ce n’est pas dans une élévation au ciel, en dehors des problèmes de ce monde que nous comprenons l’action de Dieu en faveur des femmes en butte aux problèmes de contraception, d’IVG, de sida, de divorces et de remariages, d’oppression masculine, d’élever seule des enfants avec un revenu insuffisant. La présence de Dieu tonique, encourageante, fraternelle et compatissante ne propose pas aux femme le modèle d’une « rose mystique » toujours vierge et déjà glorifiée dans la pureté céleste. Sa créativité monte en elles pour leur donner le courage de vivre et la force intérieure qui nous fait tenir tous – et toutes – debout et droits sur nos pieds. C’est cela que Jésus-Christ nous a fait voir et que les évangélistes nous rapportent. Il ne s’agit pas de contempler une « Reine des anges » qui viendrait obtenir d’un Dieu tout-puissant qu’il règle surnaturellement nos problèmes.

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Un commentaire

  1. Je signale d’abord un oubli malheureux dans ce texte sur l’Assomption : le « sans » avant être marquée par le péché originel, et une ambiguïté dans la formulation, cela ne concerne pas la « naissance miraculeuse de Jésus, mais celle de Marie ». Eh bien non, cela ne concerne pas la naissance de Marie, mais bien uniquement sa conception. Si je suis d’accord avec le fond de l’article, bien résumé avec le contraste entre le Magnificat et la Rose mystique, je trouve qu’ll faut aller plus loin. Si la spiritualité protestante veut vraiment suivre un autre chemin, il lui faut affirmer clairement que la  » virginité  » de Marie est un mythe. Marie, finalement, Gilles Castelnau ne le dit pas, mais on ne sait pas grand chose sur elle : les Evangiles et les Actes en parlent à peine et sur les quelques lignes qui lui sont consacrées, il est difficile de faire la part de ce qui lui est prêté après coup et de ce qu’elle a vraiment vécu. Je doute fort personnellement qu’elle ait réellement chanté ce Magnificat, mais je me réjouis qu’il lui ai été attribué. Enfin, et ce n’est pas un paradoxe de ma part, je trouve dommage que les protestants soient incapables de mettre Marie dans leurs prières. Membre d’une paroisse réformée, tout en étant d’origine catholique, je récite souvent le  » Je vous salue Marie  » sous un forme acceptable par les protestants et même par tout chercheur de Dieu : Je te salue Marie pleine de grâce, / Le Seigneur est avec toi, / Tu es bénie entre toutes les femmes, / Et Jésus le fruit de tes entrailles est béni « . Et je m’arrête là, c’est à dire au seul texte qui figure dans les Evangiles. Dernière réflexion : et quitte à parler de Marie, n’oublions pas de parler de temps en temps de Joseph, le père de Jésus, même si on en sait encore moins sur lui que sur sa femme.

    Cordialement.

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