Évangile &
liberté est un journal sérieux. Qui en douterait ? Au
comité de rédaction, nous peaufinons notre logique éditoriale
: nous réfléchissons aux thèmes, nous cherchons
les auteurs
Même si la bonne humeur est présente,
le sérieux intellectuel ne nous quitte pas
De vrais protestants,
non ? Et lorsquon est intellectuel et protestant, on ne réfléchit
que sur des grands thèmes de société, de théologie
et dhumanisme. Notre devise pourrait être : Penser utile,
pas futile. Mais lorsque je rentre à la maison
je caresse
mes chiens et mes chats ! Jaccompagne même parfois ces caresses
de langages que je noserais pas répéter en public
! Oui, jaime mes animaux
En faisant ce « coming out
», je vais griller toutes mes chances dentrer au Collège
de France
Vous ne trouvez pas étrange que dès que
lon parle des animaux de compagnie, on ne soit pas pris au sérieux
? Oseriez-vous dire « il faut que je rentre à la maison,
car jai un chat malade » ? On évite, on contourne
mais on ne dit pas. Alors proposer un article sur les animaux, même
sil y est question de la « condition animale » en
général, cela fait sourire... Expérience vécue
! Et pourtant, on constate que jamais la moyenne du nombre danimaux
de compagnie par habitant na été aussi élevée.
Alors quoi, on nen parle pas ? Schizophrénie entre lintellect
et laffectif. On entend toujours les mêmes ritournelles
: cest la solitude ou la déception des humains qui pousseraient
les gens à posséder des animaux
Rien nest
moins sûr.
Il est dailleurs difficile de parler de la relation
qui unit un humain et un animal. Qui ne la pas expérimentée
est sourd à toute compréhension. Il y a dans cette relation
quelque chose dunique que lon ne peut traduire. Au-delà
des mots, il y est souvent question de regards qui expriment tant de
choses
Et lorsquun catéchumène me demande
si les animaux ont une âme, je tente maladroitement une réponse.
Mais quand je rentre à la maison, je suis convaincu que mon chien
et mon chat en ont une
Jean-Marie
de Bourqueney