Un Dieu personnel.
Beaucoup de croyants
ne veulent plus entendre parler dun Dieu « personnel ».
Affirmer que lÉternel est une énergie et un dynamisme
créateurs, est-ce pour autant prétendre que Dieu est «
impersonnel » ? Ny a-t-il pas là une confusion entre
la personne et lindividu ? Ce dernier appartient à un processus
biologique et à une catégorie sociale ; il naît
et il meurt.
La personne, elle, nest pas un être déterminé
; elle est spirituelle. Elle se crée et représente un
dessein à réaliser, une liberté. On est un individu
par la force des choses celle de la nature, de lhistoire,
de la société quon le veuille ou non. On
devient une personne ; celle-ci ne saurait exister sans la rencontre
et lamour, sans un acte inventif et créateur. La mort de
lindividu, cest sa mort naturelle ; celle de la personne,
cest légocentrisme absolu. Nous sommes à la
fois un individu et une personne.
Dieu, assurément, nest pas un individu, mais
les traits retenus ici pour caractériser la personne correspondent
justement à ceux que nous utilisons pour qualifier Dieu : Esprit,
liberté, élan créateur, amour. Le monde anonyme
des choses nest-il pas le seul quil faille qualifier dimpersonnel
? Le croyant trouve en Dieu celui grâce auquel il devient pleinement
lui-même et, précisément, une personne.
Cela dit, si nos mots sont incapables de dire Dieu en
vérité, il est important de reconnaître, de toute
façon, linadéquation de nos vocabulaires respectifs.
Les adversaires du Dieu personnel ne prennent-ils pas trop souvent les
autres pour les témoins attardés dune théologie
dépassée, tout simplement parce quils confondent
lexpression Dieu « individuel », avec celle dun
Dieu « personnel » ?
Laurent
Gagnebin