La naissance virginale
? Un mystère.
Jésus marche sur les eaux ? Un mystère.
Le tombeau vide ? Un mystère.
La présence réelle du Christ dans le pain
et le vin de la cène ? Un mystère.
On pense au faux médecin du Malade imaginaire,
invoquant invariablement « le poumon » pour cause des maux
au sujet desquels Argan linterroge. Ce « mystère
» nest-il pas le cache-misère de théologies
infantilisantes ? Le plus incroyable, le plus absurde, le plus contraire
à la raison ou à la simple intelligence, au lieu dêtre
désigné comme tel, se voit promu au rang si beau, mais
exceptionnel, du mystère.
Le mystère est une réalité trop
rare pour être ainsi banalisé et instrumentalisé.
Là où il faudrait prendre le temps dune
lecture historique et critique de la Bible et de nos doctrines, on préfère
ne pas « penser la foi ». On refuse de dire et prêcher
un Dieu crédible. On évite dapporter au monde, qui
doute et sinterroge avec profondeur, un christianisme en phase
avec les données scientifiques actuelles.
Le mystère est utilisé pour sépargner
leffort de la simple honnêteté intellectuelle, pour
satisfaire à bon marché des gens toujours assoiffés
dun merveilleux frelaté, pour se donner de grands airs
dhumbles théologiens sinclinant devant limpensable.
Mais la foi nimplique pas la démission de lesprit
et la capitulation de la réflexion. Ce sera la pensée
rationnelle elle-même qui, reconnaissant ses limites devant le
mystère de la vie et de lunivers, aboutira, après
dimmenses efforts, à un mysticisme ; ce dernier sera laccueil
difficile et coûteux de ce qui nous dépasse et transcende
nos capacités humaines. Il sera peut-être alors, et en
Dieu, le sens vrai de lAutre et du mystère.
Laurent
Gagnebin