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Numéro 204
Décembre 2006
(ce numéro n'est que partiellement en ligne)

Sommaire & Résumés
( : permet d'aller au corps de l'article)

Éditorial

Noël : une fête sacrée !, par Raphaël Picon

Noël cristallise une multitude d’éléments empreints de sacralité. La fête appelle certains sacrifices (économique notamment), vénère certains éléments (enfant, famille, amis), procède à une ritualisation de comportements codifiés (invitations, menu du repas, remise des cadeaux), joue sur une symbolique très riche (arbre, lumières, bûche de Noël), cultive la référence à des éléments qui, telles certaines valeurs humaines, transcendent le quotidien et l’ouvrent à une dimension plus ultime (générosité, amour, bienveillance). Pour toutes ces raisons, la fête de Noël est enrobée de sacré...

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Questionner

Noël est une fête à visages multiples. Son origine païenne de fête de la nouvelle lumière a été éclipsée par la fête de la naissance du Christ, puis, de nos jours, par une débauche de consommation de toutes sortes. Malgré cette dérive, dont on pourrait se désoler, Raphaël Picon trouve bien des qualités à cette fête et à la joie qu’elle apporte.

Noël : les raisons d’un succès, par Raphaël Picon

Beaucoup se demandent si la fête chrétienne de Noël n’est pas irrémédiablement abîmée par l’excès de consommation auquel elle donne lieu. Celui-ci serait d’autant plus choquant qu’il contrasterait de manière flagrante avec le dénuement et l’authenticité de la scène originelle à laquelle la fête renvoie : la naissance de Jésus. Ce contraste souligne, à lui seul, la profonde laïcisation dont Noël est l’objet. De païen qu’il était, comme fête du solstice d’hiver et de la lumière renaissante, le Noël religieux serait redevenu païen, tel un juste retour des choses… Mais au lieu de s’arrêter à ce constat ou de sombrer dans une désolation culpabilisante et stérile, ne pourrions-nous pas reconnaître, derrière les raisons du succès de cette fête, la spiritualité toute laïque et profane du Noël contemporain ? ...

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AgirDorothea Lange, Migrant Mother, 1936 © D.R.

Le Centre d’action sociale protestant (CASP) a fêté cette année son centenaire. Vincens Hubac nous présente cette association qui, dans la droite ligne de l’Évangile, offre repas, logements et accompagnement social aux plus démunis, aux exclus de notre société d’abondance. Le CASP dispose d’un site Internet : www.centredactionsocialeprotestant.fr

Le CASP… 100 ans déjà !, par Vincens Hubac

Ils sont une soixantaine. Quelques uns sont arrivés seuls au temple mais le plus gros de la troupe est venu du métro, lieu prévu pour se retrouver et venir tous ensemble au Foyer de l’Âme. Le CASP organise bien les choses. Ce dimanche là c’est au tour de l’Église de la Bastille d’accueillir le repas dominical du CASP au bénéfice de personnes économiquement en difficulté. C’est une fête, pas seulement un simple repas. Les gens sont bien habillés mais leurs vêtements défraîchis et une certaine nervosité quant au nombre de places disponibles trahissent une pauvreté évidente. C’est la fête aussi par la qualité du repas, par l’installation des tables et leurs décors. Chacun prend place autour d’une personne de l’équipe d’accueil par table. Un discours de bienvenue au moment de l’apéritif, ainsi commence le repas...

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Ces mots qu'on n'aime pas

Culte d’action de grâces, par Claude Peuron

Dans un pays marqué par la Révolution, les références à la féodalité sont toujours difficiles, la notion « Seigneur » n’est pas forcément connotée positivement...

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Helen Lewitt, New York, 1985  © DRSérie : les lamentations

« Je suis l’homme qui a connu le malheur
Sous les coups de sa colère.
Il m’a poussé devant lui,
Il m’a fait marcher non dans la lumière
[ mais dans les ténèbres.
Oui tous les jours,
Il fait peser sa main sur moi,
Et sur moi seul. »
Lm 3,1-2

3. Qui est cet homme qui gémit ?, par Florence Taubmann

Comme le psalmiste, l’auteur des Lamentations éprouve une douleur spirituelle, mais également physique. Il vit le malheur de son peuple dans sa propre chair, au plus intime de son être. C’est dans cette communion à la souffrance d’autrui qu’il est inspiré par le souffle divin...

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Billet

« J’ai fait le monde », par Jean-Marie de Bourqueney

Rien n’est plus passionnant qu’une soirée « diapos vacances » chez des amis, même si la notion de diapos a légèrement évolué. L’informatique a fait disparaître la liturgie autour de ces petits cadres de carton de notre enfance, que l’on mettait une fois sur deux à l’envers, les pieds en haut ou le cœur à droite… Bref nous voilà dans cette soirée diapos et mes amis me disent : « Cette année, nous avons “fait” la Tunisie », « l’année dernière nous avions “fait” la Grèce »...

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Méditer

Au moment où la nuit est si longue, par Gilles Castelnau

Au moment où la nuit est si longue, où le froid nous transperce,
où la fatigue de la vie nous pèse,
on sent bien la soif qui est la nôtre
d’un peu plus de fraternité et de compréhension...

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Cahier : Jésus dans la littérature, Pierpaolo Pasolini, Il Vangelo secondo Matteo, photograme du film de 1964, Photographie de Tonino Delli Colli

par Bernard Félix

On ne peut nier l’influence profonde que la figure de Jésus a eue, en Occident, à travers les âges. On trouve une littérature impressionnante sur le Nazaréen et, de nos jours, tous les médias se sont emparés du sujet. Malgré la déchristianisation, Dieu intéresse et même Dieu fait vendre à condition d’y ajouter un zeste de scandale… La publicité s’est donc emparée des thèmes religieux. Le cinéma et la télévision aussi. Depuis les premiers temps du film muet, bien des œuvres cinématographiques se sont inspirées des évangiles. L’importance des films par rapport aux romans vient de leur large audience, qui dépasse le cercle des croyants.

On remarque depuis la fin des années 1970, un souci de plus en plus grand de redécouvrir la dimension humaine et historique du personnage de Jésus. Trois exemples :

Nikos Kazantzakis est un écrivain plusieurs fois porté à l’écran. En 1955 il écrit La dernière tentation du Christ qui fait scandale ; il y montre un Jésus proche de chaque homme, souffrant, et engagé dans une bataille entre l’esprit et la chair. Dans le film de Scorsese (1988), tiré de ce roman, Jésus doute, ne découvre que progressivement son destin, refuse d’admettre qu’il est le Messie. La grande « tentation » qu’il éprouve est celle de se trahir lui-même, en choisissant une existence paisible au lieu de rester fidèle à son « appel » intérieur.

Jacques Duquesne écrivit Jésus en 1994 ; il s’y montre soucieux de dépouiller le personnage de Jésus des éléments mythiques que lui prête la tradition, et de rejoindre les préoccupations et les questionnements actuels. Serge Moati en 1999 en fit l’adaptation ; ce téléfilm constitue une tentative très intéressante de cerner le « Jésus historique » à travers son contexte sociopolitique et culturel.

L’Évangile selon Pilate, best-seller d’Éric-Emmanuel Schmitt (2000), a pour fil directeur le doute ; Yéchoua s’interroge sur sa propre nature, la nature de sa mission. Schmitt déclare : « Jusqu’à la fin, il n’est sûr de rien. En ce sens, l’incarnation n’est pas une énigme, avec solution, mais bien un mystère ». Il ajoute aussi : « Je ne choisis pas mes sujets : ils s’imposent […] Je ne suis qu’un tympan qui vibre avec son époque. À travers ce roman, j’ai souhaité que la question de Jésus redevienne une question personnelle pour les athées […] Ce que j’écris me dépasse ». Belle conclusion sur le rôle de l’écrivain !

Bernard Félix nous conduit à travers des siècles de littérature portant sur la figure de Jésus, en s’appuyant sur le travail du père jésuite André Dabezies, professeur de littérature française comparée, publié en 1987 sous le titre Jésus-Christ dans la littérature française (Desclée). Nous parcourons ainsi une histoire de la foi. feuille

Marie-Noële et Jean-Luc Duchêne

Figures de Jésus dans la littérature française, par Bernard Félix

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Vivre

Psalmodie métropolitaine, par Christine Durand-Leis

Ah, le métro ! Comment dire le crépitement sourd de milliers de pieds qui, aux heures de pointe, se répercute sous la voûte de faïence blanche ? Seul le bruit des pas, baskets, escarpins, bottes, sandales… De parole, point ! Même en groupe, on parle pas ou peu : c’est qu’il faut rester concentré, vigilant à surnager dans le flot qui s’écoule en sens inverse ; rester souple et volontaire comme un saumon qui va frayer. Même la sérénade des musiciens de couloir patentés ou non est engloutie par l’orage pédestre...

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Dialoguer

Encore un problème de traduction ! Très souvent, dans le grec biblique, les verbes au passif sous-tendent que Dieu est le sujet. Mais cela dérange parfois. Comme ici, où Dieu parait inefficace parce qu’il n’arrive pas à se faire voir.

… et ce rien était Dieu, par Louis Pernot

Les Actes des Apôtres contiennent un passage si dérangeant que tous les traducteurs le transforment pour maquiller la difficulté. Il s’agit de cette phrase juste après la conversion de Paul : « Paul fut relevé de terre, et ses yeux ayant été ouverts, il voyait rien, il voyait le néant » (Ac 9,8). Pourquoi, en effet ne voyait-il rien s’il avait les yeux ouverts ? Certains traducteurs mettent : « Bien qu’il eût les yeux ouverts il ne voyait rien » ce qui n’est pas le texte.
Une autre difficulté, encore plus considérable, est que tous les verbes sont ici au passif. Dans le texte, Paul est relevé, et ses yeux sont ouverts. Or qui peut être l’auteur de cette action ? Ce ne peut être que Dieu...

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Dialoguer

Mohammed Abdi est français, né au Maroc en 1960. Il a obtenu un DESS de gestion et un DEA de droit. Il est actuellement Secrétaire général de l’association « Ni putes ni soumises », et vient d’écrire Racaille de la République aux éditions du Seuil avec sa présidente Fadela Amara . Mohammed Abdi est interrogé par le pasteur Florence Taubmann.

« Ni putes, ni soumises » Mohammed Abdi

Florence Taubmann : « Ni putes ni soumises », voici un nom provoquant, un nom qui fait choc !

Mohammed Abdi : Cette association est née d’un cri, d’un appel au secours. En 2003, Fadela Amara, avec d’autres, prend vraiment conscience d’une dégradation rapide de la condition des filles dans les banlieues : il y a d’un côté les « tournantes » (viols collectifs) qui se multiplient, et de l’autre la pression religieuse, particulièrement intégriste, qui augmente. L’association est créée, commence ses actions, et trois mois plus tard, comme pour confirmer l’urgence, survient le drame de la jeune Sohanne, brûlée vive pour avoir éconduit un garçon de sa cité...

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Retrouver

Castellion (1515-1563) a quasiment disparu de notre horizon protestant, la tradition réformée ayant fait l’impossible pour étouffer sa voix et ignorer son héritage. La publication en 2005 par les Éd. Bayard de la Bible de Castellion, jamais rééditée depuis 1555, est l’occasion de retrouver ce Réformateur humaniste auquel Ferdinand Buisson avait consacré sa thèse de doctorat.

Sébastien Castellion, Sébastien Castellionpar Laurent Gagnebin

Castellion est né en 1515 près de Nantua dans une famille de paysans. Il passe quelques jours chez Calvin à l’époque où ce dernier, ayant dû quitter Genève, est pasteur de la paroisse francophone de Strasbourg (1538-1541). De retour à Genève, le Réformateur l’appelle pour diriger le collège de la cité. Rapidement, des tensions, d’ordre biblique et théologique, vont se faire jour entre eux. Quand Castellion, en 1544, demande à être reçu comme pasteur, la Compagnie des pasteurs refuse finalement cette reconnaissance et cela sous la présidence de Calvin. Castellion démissionne de son poste et gagne Bâle en 1545, la ville des humanistes. Il vit là dans la misère jusqu’en 1553 où il est nommé professeur de grec à l’Université. Date décisive : c’est en effet le 27 octobre 1553 qu’a lieu, sous la responsabilité de Calvin, l’exécution de Michel Servet, brûlé pour hérésie à cause, principalement, de son opposition à la doctrine de la Trinité . Ce bûcher indigne et révolte Castellion qui proteste vigoureusement par trois œuvres majeures...

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Regarder

Le miracle qui sauve le mondePhoto Guillaume Binet - M.Y.O.P ©

Le miracle qui sauve le monde, le domaine des affaires humaines, de la ruine normale, «naturelle», c’est finalement le fait de la natalité. En d’autres termes, c’est la naissance d’hommes nouveaux, le fait qu’ils commencent à nouveau, l’action dont ils sont capables par droit de naissance...

Hannah Arendt, Condition de l’homme moderne

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Lire

Livre : Comprendre le protestantismecouverture du livre

Geoffroy de Turckheim, Comprendre le protestantisme,
De Luther aux évangéliques, Éd. Eyrolles, 2006

Livre : La bénédiction du mariage

Laurent Gagnebin, La bénédiction du mariage.
Sens et enjeux de la célébration religieuse,

Livre : Le siècle des Platter

Emmanuel Le Roy Ladurie, L’Europe de Thomas Platter,
France, Angleterre, Pays-Bas, 1599 – 1600, (Le siècle des Platter III),

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Résonner

François Cheng, académicien d’origine chinoise, naturalisé français, a fait paraître un livre sur la beauté au printemps dernier. Robert Serre y trouve une méditation sur Dieu et sur la relation des hommes à Dieu.

À propos de Cinq méditations sur la beauté de François Cheng, par Robert Serre

François Cheng écrit que « la beauté est toujours un advenir, un avènement, pour ne pas dire une épiphanie et plus concrètement un “apparaître-là” ». Cette présentation de la beauté ne correspond-elle pas à celle du Royaume de Dieu tel qu’aurait pu le décrire Albert Schweitzer, peut-être parce que la beauté tout comme le Royaume de Dieu relève de l’absolu, de l’insaisissable, de la transcendance ? Ainsi, il me semble qu’on peut lire les propos de François Cheng sur la beauté comme une méditation sur la vie, sur Dieu...

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Dans le monde et dans les Églises

par Claudine Castelnau

États-Unis : Le « Pays de Dieu » ?
Angleterre : Jésus : Un magicien ? Un gentil mec ?
Pays-Bas : On n’expulse plus vers l’Iran
Moscou : Histoire de corneilles et d’or

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Nouvelles

Le foyer de l’âme : manifestations du centenaire
Le carnet d'Évangile & liberté
Nouveautés

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Citation

L’amour envers le prochain, envers l’homme,
est non seulement une source de création,
mais il constitue en lui-même une création,
une irradiation d’énergie. L’amour est une
radioactivité dans le monde spirituel.
Nicolas Berdiaev,
De la destination de l'homme.

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