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Numéro 204
Décembre 2006
( sommaire )

Série : les lamentations

« Je suis l’homme qui a connu le malheur
Sous les coups de sa colère.
Il m’a poussé devant lui,
Il m’a fait marcher non dans la lumière
[ mais dans les ténèbres.
Oui tous les jours,
Il fait peser sa main sur moi,
Et sur moi seul. »
Lm 3,1-2

3. Qui est cet homme qui gémit ?

Helen Lewitt, New York, 1985  © DRComme le psalmiste, l’auteur des Lamentations éprouve une douleur spirituelle, mais également physique. Il vit le malheur de son peuple dans sa propre chair, au plus intime de son être. C’est dans cette communion à la souffrance d’autrui qu’il est inspiré par le souffle divin. Pourtant ce n’est pas la souffrance qui fait naître la Parole, mais la déchirure divine de cette souffrance. Le prophète ne devient lucide que dans la lumière que Dieu fait en lui en se révélant. À travers des visions, des rêves, ou par cette parole que Dieu met dans sa bouche, tout son être est comme tenaillé par une vérité brûlante qui se force un passage. Et cette vérité concerne la cité, le peuple, l’histoire des hommes et des nations, la justice et l’injustice, le mal qui se commet sous le soleil. Alors ce que voit le prophète ne peut qu’aviver sa douleur : guerre, défaite, catastrophe humanitaire. Et la compassion le saisit : une compassion ardente, désespérée pour le peuple auquel il s’adresse, et qui ne l’entend pas. Car c’est le propre du véritable prophète que cet isolement dans la lucidité. Ni entendu, ni écouté quand il est peut-être encore temps ; haï et menacé quand il est trop tard…

Cependant rien n’entame sa fidélité au Dieu fidèle et au peuple qui lui est confié. Terrible fidélité attestée par Luther à travers ces mots : « Si j’avais su au début, quand j’ai commencé d’écrire, ce que j’ai maintenant éprouvé et vu, à savoir à quel point les gens haïssent la Parole de Dieu et s’y opposent aussi violemment, je m’en serais tenu au silence… Mais Dieu m’a poussé de l’avant comme une mule à qui l’on aurait bandé les yeux pour qu’elle ne voie pas ceux qui accourent contre elle… C’est ainsi que j’ai été poussé en dépit de moi au ministère d’enseignement et de prédication ; mais si j’avais su ce que je sais maintenant, c’est à peine si dix chevaux auraient pu m’y pousser. » C’est ainsi que se plaignent aussi Moïse et Jérémie d’avoir été trompés. feuille

Florence Taubmann

 

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