Voilà une manière
de sadresser à Dieu qui est de plus en plus oubliée.
Autrefois, les vieux pasteurs priaient en disant « Ô Éternel...
» aujourdhui plus guère.
En un sens, on peut sen réjouir, il y avait
là quelque chose de pompeux, de grandiose faisant de Dieu un
être lointain, étranger, différent de nous. On prêche
aujourdhui plus volontiers un Dieu proche, aimant, un Dieu qui
sabaisse.
Mais ny a-t-il pas justement là un danger.
Ce Dieu, si on en fait une sorte de bon copain sympathique, reste-t-il
encore Dieu ? Nest-il pas important de se rappeler parfois que
Dieu est « lÉternel », quil nest
pas comme nous mortel et contingent ?
Aujourdhui, catastrophe, nos traductions bibliques
les plus récentes (Traduction cuménique, Nouvelle
Bible Segond) abandonnent le mot « Éternel » pour
le remplacer partout par « Seigneur ». Pourtant dans lhébreu,
il y a deux mots, lun : « Adonaï » qui signifie
effectivement « Seigneur », et lautre est le Tétragramme
« YHWH », (Yaweh). Ce sont les protestants, qui ont eu lidée
de le traduire par « lÉternel ». Et lidée
était fameuse. Il sagit, en effet, dune forme du
verbe être à la fois au passé, au présent
et au futur. YHWH est celui qui était, qui est et qui sera. La
traduction « Éternel » est donc très bonne.
Les juifs eux-mêmes nous ont suivi dailleurs dans leurs
traductions françaises.
Pourquoi alors mettre maintenant « Seigneur »
dans les deux cas, cest un appauvrissement du texte, et même
une trahison.
Disons donc « lÉternel est mon berger
» et non « le Seigneur est mon berger », et retrouvons
la richesse des différentes appellations de Dieu sans tomber
dans cette mode de mettre du « Seigneur » à toutes
les sauces liturgiques et bibliques.
Louis
Pernot