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Numéro 199 - Mai 2006
( sommaire )

Agir

Notre rubrique « Agir » présente chaque mois l’action d’une association, d’un groupe qui œuvre en faveur de pauvres, de malades, d’exclus. Vincens Hubac, pasteur à Marly-Le-Roi, souligne la relation très forte qui existe entre cette action et l’Évangile.

Pourquoi agir ?

Nous savons depuis longtemps, hélas, que les sociétés génèrent à leurs marges diverses formes d’exclusion, de délinquance, de déviances de toutes sortes. Nous agissons par compassion, par sens de la dignité, parfois par bonne conscience. En tant que chrétiens, face au scandale que sont la misère et la souffrance humaine, nous agissons certes par humanisme, mais aussi pour des raisons qui nous sont spécifiques. Quatre points ici nous intéressent.

La loi

S.D.F. devant les grilles du prestigieux Opéra de Paris,                   2006. Photo Taolmor © Fotolia.com

S.D.F. devant les grilles du prestigieux Opéra de Paris, 2006. Photo Taolmor © Fotolia.com

Très tôt dans l’histoire, le peuple hébreu réalise que les plus faibles, veuves et orphelins, symbolisent ces exclus qu’il faut protéger avec les émigrés, population particulièrement exposée hier comme aujourd’hui, et dans la situation qu’Israël a vécue en Égypte. Pour leur époque, avec la loi, les Hébreux sont très en avance.

La justice

La prédication des prophètes reprend la Loi en insistant sur la justice de Dieu qui devient peu à peu la justice entre les hommes eux-mêmes. Le scandale de la pauvreté est insupportable à Dieu. Ésaïe, Élie, Amos élèvent le débat sur la condition des exclus affirmant que Dieu est du côté de ces derniers contrairement aux apparences.

La grâce

C’est Jésus qui radicalise le discours en affirmant la grâce, la gratuité du Salut, la levée des malédictions. Qu’il soit estropié, malade, qu’elle soit prostituée ou païenne, qu’il soit collecteur d’impôts ou lépreux, Jésus le guérit, le relève, le réintroduit dans la société et signifie que tous sont enfants de Dieu. Pas d’exclus ici mais une éthique fondée sur le pardon, l’accueil, l’amour. La prédication – les Béatitudes par exemple – ainsi que la mort de Jésus montrent que Dieu est résolument du côté des maudits de la société. Dès lors qu’on s’affirme chrétien, comment laisser dans l’indifférence les exclus de tous bords de nos sociétés ?

Le Royaume et l’homme nouveau

Fondé sur la Loi, la justice et la grâce, le Royaume définit un homme nouveau. L’action diaconale, le christianisme social, deviennent signes du Royaume, prédication de l’Évangile. Agir pour les autres, c’est entrer dans une démarche d’espérance car chacun est appelé à la vie. C’est vivre l’amour de Dieu qui nous est signifié dans l’Écriture. C’est aussi partager la joie du Royaume et la patience car nous savons que le chemin est parfois bien long avant de voir un malheureux se relever. Agir, c’est également vivre la responsabilité que nous avons vis-à-vis des autres. Cette responsabilité et l’agir diaconal sont un signe de la confiance que Dieu lui-même place en nous.

Ne soyons donc pas étonnés de constater que l’action envers les plus pauvres ait accompagné de tous temps l’annonce de l’Évangile. Que ce soient les Pères de l’Église ou les Pères de la Réforme, tous ont insisté sur les œuvres, sur l’attention à porter envers ceux que les circonstances ont défavorisés ou détruits. Hier comme aujourd’hui, c’est l’action et la générosité qui marquent les esprits, interpellent les gens. Nous ne le savons que trop, la prédication sans action reste un discours vide, un contre-témoignage. « Faites ce que je dis, pas ce que je fais » n’a jamais attiré personne. À l’inverse, il est clair que l’action diaconale sans annonce de l’Évangile, sans parole vivante et forte, ne devient que fragilité et rapidement découragement puis abandon face à l’ampleur de la tâche. Ce n’est pas par idéal philosophique ou politique que nous agissons, mais c’est en répondant à l’appel puissant du Sauveur que nous allons vers ceux qui se sentent perdus, rejetés, enfermés. C’est bien là, à la suite des prophètes, du Jésus de l’Histoire, de la « nuée des témoins » que s’expriment la force du christianisme et le sens de notre démarche. feuille

Vincens Hubac

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