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Numéro 196 - Février 2006
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Billet

Le méchant bon Dieu

Nous visitions, avec des amis, la cathédrale de Reims. Des petits boîtiers avec écouteurs nous ont permis de bénéficier de commentaires avisés. Grâce à eux, notre attention était attirée sur nombre de détails qui seraient passés inaperçus autrement. Synergie entre la technique électronique d’aujourd’hui et les techniques architecturales du Moyen Âge. Aperçu aussi sur la théologie de l’époque, sur ce que l’Église voulait enseigner au peuple.

À l’extérieur, face au transept nord, la cassette insista sur un visage de Dieu dont tous les traits débordaient, paraît-il, de bonté. C’était, à l’entendre, une prouesse artistique, que d’avoir ainsi pu exprimer dans la pierre une telle bonté divine. Et puis, le commentaire poursuivit sans transition : « Juste au dessus, une très expressive représentation du Jugement Dernier. » On pouvait voir certains damnés griller directement dans les flammes, tandis que d’autres marinaient plus délicatement dans une énorme bouilloire.

Hyeronimus Bosch, La Tentation                 de saint Antoine (détail). Lisbonne,musée d'Art                 ancien.

Hyeronimus Bosch, La Tentation de saint Antoine (détail). Lisbonne,musée d'Art ancien.

Quelle bonté de Dieu, en effet.

Mes amis, les uns chrétiens bon teint, les autres plutôt agnostiques, ne réagissaient pas. Ils trouvaient tout cela assez conforme à l’esprit du christianisme, tel qu’ils pouvaient le percevoir. Lorsque j’exprimai mon désarroi devant l’expression d’un tel non-sens, ils s’étonnèrent, pensant que le domaine de la logique n’avait pas à interférer avec le domaine du religieux.

Parmi les damnés, dans la bouilloire, se trouvaient un roi, un évêque, un moine et un juge. Ceux-là doivent s’interroger encore sur la bonté de Dieu.

Aujourd’hui, l’Église enseigne toujours que l’Enfer existe. Mais elle n’ose pas affirmer qu’il y ait beaucoup de monde en ce lieu peu engageant. Voilà ce qu’il aurait fallu sculpter au dessus du Dieu bon : un Enfer vide ; des flammes, juste pour réchauffer l’atmosphère ; une bouilloire, juste pour servir le thé. Et un paradis encombré de tous les hommes et femmes de la terre. feuille

Henri Persoz

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