Le protestantisme libéral
se battrait contre des moulins à vent ! Les protestants libéraux
n’auraient plus rien de spécifique à dire, leur lecture
historico-critique de la Bible étant aujourd’hui partagée
par tous, à l’exception de quelques fondamentalistes irréductibles.
Leurs combats ne seraient donc plus que d’arrière-garde.
Leur ultime raison d’être ne tiendrait qu’à un
sentiment infondé, celui d’être encore les prétendues
victimes d’une orthodoxie dominante. Comment expliquer alors la
belle vitalité d’Évangile et liberté qui,
loin d’être la chronique d’une mort annoncée,
gagne un nouvel abonné chaque jour ?
Paroles et textes de l’un ou l’autre de ces
protestants libéraux réveillent pourtant régulièrement
les passions, délient les langues et, parfois, attirent la foudre.
Qu’on interroge, voire mette en question, tel ou tel point des
doctrines classiques et nous voici traités de théologiens
superficiels et fallacieux, irresponsables et prétentieux. Mais
ces récurrentes violences de la charge anti-libérale ne
soulignent-elles pas, précisément, la vigueur et l’originalité
de la pensée libérale elle-même ? Sinon pourquoi
lui résister avec tant d’énergie ?
Nous défendons ardemment la possibilité
d’une piété à l’air libre. Nous voulons
fidèlement militer pour un christianisme d’ouverture. Nous
pensons que le monde actuel, ou tout simplement l’homme de la rue,
à travers ses exigences intellectuelles et sa soif spirituelle,
ne se contente plus d’un torrent d’eau tiède. Il demande
aux chrétiens des réponses renouvelées et sans
langue de bois théologique. Si la pensée libérale
récuse les jargons d’Église et les carcans doctrinaires,
c’est au nom de sa foi en un Dieu sans chapelle ni dogme, qui est
puissance même de créativité, ressource inépuisable
de sens. La théologie libérale proclame un Dieu libre
et raconte une aventure, divino-humaine, qui nous sort de nos torpeurs
et de nos conforts intellectuels. 
Laurent
Gagnebin , Raphaël
Picon
Éditorial
