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Dans le N° 194

Langage, communication, révélation

Un lecteur s’interroge sur l’article de Gretta Vosper publié dans le numéro d’octobre d’Évangile et liberté. Et Jean-Luc Duchêne propose en réponse quelques éléments de réflexion.

Dans le numéro d’octobre d’Évangile et liberté, j’ai lu avec intérêt l’article de Gretta Vosper sur le vocabulaire utilisé dans les Églises. Elle soulève beaucoup de questions, notamment sur l’utilisation de mots tels que : résurrection, salut, Ascension, etc. Pourquoi pas ? Il est toujours bon de se poser des questions.

Pourtant, quand elle prétend bannir toutes sortes de termes religieux, Gretta Vosper me semble un peu naïve, manquant de réalisme. Non seulement les Églises, mais tout groupe humain a son propre langage, juste ou faux, qui fait partie des « mots de la tribu », et constituant un code commun. Il faudrait étendre cette analyse à toute communauté et tout groupement : par exemple, que dire de mots tels que démocratie, paix, égalité ?

Il manque d’ailleurs à cet article une seconde partie, qui proposerait des substituts à ce vocabulaire, ou un autre codage, ce qui le rendrait plus crédible. En fait, Gretta Vosper va plus loin que des questions de vocabulaire : si je lis bien ses questions, il nous faudrait évacuer entre autres les pratiques cultuelles (y compris vêtements, liturgie, etc., c’est un peu désincarné) et la prière ; la lecture de la Bible n’aurait plus qu’un intérêt parmi d’autres – mais pourquoi alors privilégier aussi les paroles de Kant, Gandhi et Martin Luther King ? Pourquoi écarter Bergson, Montaigne, et même Calvin ? Sans parler de Marx et de Freud, bien évidemment.

Pierre Stabenbordt (courriel)

Si toute tribu a effectivement son propre langage, elle ne l’utilise en général pas pour s’adresser aux étrangers. Par exemple, les scientifiques font de la « vulgarisation » pour faire passer les idées scientifiques chez les non-initiés. Cela consiste précisément à bannir les termes spécifiques de la tribu des scientifiques. Certains y excellent ; d’autres, qui ne savent pas traduire, n’arrivent à rien... et restent incompréhensibles.

Il faut alors peut-être se demander si l’Église tient à se faire entendre de tous, ou si elle préfère rester une tribu de spécialistes, fermée sur elle-même ! Parler de « résurrection », d’« ascension » ou de « fils de Dieu » n’est pas anodin, et n’est certainement pas compris de la même façon dans les facultés de théologie, dans les paroisses « ordinaires », ou dans les banlieues pauvres du nord de Paris.

Je pense aussi, comme Gretta Vosper, que Dieu peut parler à certains par la voix de Martin Luther King, comme il parle à d’autres par les chorals de Bach ou par la naissance d’un enfant. Il en était question aux récentes journées libérales à Cap d’Agde. Et André Gounelle explique dans le numéro de novembre d’Évangile et liberté comment sa compréhension de l’Évangile est influencée par l’Éthique de Spinoza. Doit-on alors écarter a priori Calvin, Marx et Freud ?

Jean-Luc Duchêne, Marcoussis

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Prier ?

Les textes (et les idées !) de John Spong que nous avons publiés dans deux cahiers (n° 182 et 191) continuent à provoquer des réactions, souvent extrêmes, favorables ou défavorables.

Je souscris à chaque mouvement de la pensée de John Shelby Spong dans l’article « Prier ? » du numéro 191, et j’ai toute confiance que cette aventureuse tentative soit libératrice et créatrice, pour autant qu’elle ne conduise pas à une nouvelle illusion, à savoir l’enfermement de l’être humain en lui-même. Peut-être ici serait-on en mesure de se demander si la prière enseignée par Jésus n’est pas simplement un raccourci.

Notre Père ne fait nullement allusion à une idole théiste mais situe d’emblée tous les humains à la même enseigne, relevant d’un même et unique principe, dénominateur commun à tous les hommes qui sous-tend ce « quelque chose qui est au-delà de moi » auquel se réfère John Spong, et qui nous unit tous.

[…] La démarche très sincère de John Spong dans son langage personnel présente de profondes similitudes avec la théologie négative (dite apophatique) d’un Pseudo-Denys, d’un Grégoire de Nysse, d’un maître Eckhardt, et plus près de nous de Nicolas Berdiaeff. Dans la même direction, le soufisme avec son nuage d’inconnaissance ouvre des perspectives similaires. Sans doute ces géants de la pensée humaine s’expriment-ils en un style plus élaboré et peut-être plus hermétique, mais notre monde protestant ne peut plus les ignorer.

Valdo Secretan, Villardonnel

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Qui dit-on que je suis ?

Un lecteur nous envoie un courrier concernant cette question de Jésus, et dont nous transcrivons ci-dessous l’essentiel.

Question fondamentale de Jésus au cours de son ministère. […]

« Qui dit-on que je suis ? »

J’ai besoin de savoir pour continuer jusqu’au bout, avec confiance et autorité ! Aujourd’hui se pose ce même problème pour ceux qui ont la charge du témoignage chrétien. […] Un petit sondage permettrait-il de donner une idée de l’Église de France, hors du milieu fermé des communautés ? C’est ce qu’a tenté un officier de l’Armée du Salut. Il a abordé, au hasard, une dizaine de personnes, de tous âges et conditions, pour leur poser cette question : « Qui est Jésus pour vous ? »

– C’est vague ; je suis catholique de naissance, baptisé, non pratiquant,
– J’en ai entendu parler, mais ne l’ai pas rencontré.
– Un personnage historique, peut-être un modèle. Je suis athée !
– Une idée intéressante sur le plan psychologique. Peut-être une existence virtuelle ?...
– Je ne crois pas qu’il soit fils de Dieu. Que dirait-il aujourd’hui de notre monde ?
– Une personne citée dans le Coran et dans la Bible.
– Il avait un don de guérisseur : un charlatan qui a réussi. Une légende pour les campagnes...
– Une foutaise depuis 2000 ans. Je suis baptisé mais de croyance bouddhique. (Vous n’allez pas faire écouter cette réponse à vos amis ?...)
– Je ne sais pas grand chose de ce qu’en a fait la religion...
– Le Sauveur, fils de Dieu qui compte pour chacun !

[…] D’une façon générale on ne trouve là qu’un désintérêt poli, une ignorance dubitative, un décalage entre monde actuel et histoire du passé (ce qu’en a fait la religion).

Jacques Perrier, 30190 La Calmette

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