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Numéro 194 - décembre 2005
( sommaire )

Série : Histoire et Théologie

4. Un nouveau témoignagne sur Marc

Le quatrième exemple, après la Didachè, l’Évangile selon Thomas et l’Épître de Jacques, est une lettre récemment découverte, qui figure désormais dans les Écrits apocryphes chrétiens (I, La Pléiade, 1997), selon laquelle l’évangile selon Marc a été écrit en deux fois. C’est le premier document attestant qu’un évangile aurait connu plusieurs rédactions ; et cela concerne celui qui sert de deuxième source à Luc et Matthieu, à côté de la collection de paroles, dans la théorie en vigueur.

La première réaction devant un document de ce genre est le doute : cette lettre n’est-elle pas un faux, comme d’autres existent ? Ainsi, une inscription, découverte il y a vingt ans sur une urne et mentionnant « Jacques fils de Joseph, frère de Jésus », s’avère aujourd’hui être un faux. Qu’en est-il de cette lettre ? Le doute s’est installé, bien au-delà de la théologie. Mais la question qu’elle soulève demeure : Marc a-t-il eu plusieurs rédactions ? Pour l’histoire, la question a un sens : d’où le faux éventuel tient-il une telle suggestion ? Quelle analyse permet de répondre à une telle question ? Quelle conséquence pour l’histoire de la rédaction des évangiles ?

Mais la question dérange l’exégèse, qui se contente de la théorie des deux sources (Marc et la source de paroles) ; autant ne pas remettre en cause cette base sur laquelle s’est développé l’enseignement exégétique. L’histoire est invitée à se taire ; et le document suspect devient une énigme laissée de côté.

Faisons l’hypothèse que ce document, authentique ou non, dise une chose vraie : il y a bien eu plusieurs rédactions de l’évangile considéré comme le plus ancien. D’un coup, l’histoire de la rédaction s’éclaire autrement, deux générations séparent une première rédaction, vers 65, et la rédaction finale qui réunit les quatre évangiles, vers 120. Comme pour les paroles, révisées avant 60, les traditions narratives du ministère de Jésus sont soumises à révision jusque vers 120, et les évangiles apparaissent comme le résultat d’un travail rédactionnel qui s’échelonne sur trois générations. Le premier christianisme s’éclaire autrement, il est l’oeuvre de maîtres de l’écriture liés à la culture du temple de Jérusalem. feuille

Christian Amphoux

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