logo d'Évangile et Liberté

Numéro 194 - décembre 2005
( sommaire )

Vivre

J’attends

Qu’elles sont lourdes et lentes, ces heures de la nuit où j’attends, sans sommeil et sans rêve, que vienne enfin le jour ! Même dans mes journées, je passe tant de temps à attendre sans savoir vraiment habiter le présent. J’attends la rencontre qui changera ma vie, le billet

gagnant du loto, le train qui tarde à venir, ma femme qui n’arrive pas, un signe de Dieu, les vacances, la retraite. J’attends le jour où je vivrai vraiment, le jour où enfin j’aurai fini d’attendre. Je vis chaque jour en « Avent ».

Je ne suis pas comme ces croyants cycliques qui à Noël retombent en enfance, se courbent et souffrent en Carême, se relèvent à Pâques, sont envoyés plus loin au vent de Pentecôte, puis stagnent un peu jusqu’à la mi-automne avant que ne sonnent les trompettes de l’Avent où ils se remettent à attendre, le nez en l’air. À attendre quoi ? Que le cycle reprenne ?... Moi aussi, c’est vrai, j’ai besoin souvent de renaître, de mourir et de me relever encore, et d’être élargi par le souffle. L’Évangile lui-même me fait croire qu’on peut ainsi ressusciter de tous ses tombeaux, ses échecs et ses fautes. Mais pas de cette manière, pas à échéances fixes ! Quant à l’Avent, quel sens pour un chrétien de faire comme si rien ne s’était passé, et qu’on attend toujours un Dieu venu d’ailleurs ? Certains pourtant, frustrés d’une divinité puissante et glorieuse, attendent son retour, et cette fois, ce sera sérieux, spectaculaire. Mais cette croyance ne balaye-t-elle pas tout ce que Jésus a voulu nous apprendre sur le Dieu qui laisse libre et donne tout ? Alors quel sens peut avoir cette attente, même un mois chaque année ?

Pour moi, je ne peux pas m’empêcher d’attendre, et si j’attends, c’est que j’ai de grands rêves qui blessent la banalité où s’enlisent mes jours. Cette blessure d’ailleurs ne serait-elle pas liée à ma foi ? Mais quelle foi ? Cette nuit, dans ma solitude, ce qui s’impose à moi, c’est plutôt le silence et l’absence de Dieu, ou peut être une présence mystérieuse, par le vide même qu’il creuse en moi, par l’espace de libre création qu’il laisse en se retirant, par le chemin d’infini et d’éternité qu’il trace en s’éloignant ? N’est-ce pas dans ce vide, cet espace, ce chemin que s’ébauchent les rêves qui éclairent l’avenir ?

Encore de longues heures, et le sommeil ni le jour ne viennent…

Allez, debout ! Cesse d’attendre, bouscule le temps, devance le jour, lance tes rêves au loin, vers la vie ! feuille

Jacques Juillard
haut

Merci de soutenir Évangile & liberté
en vous abonnant :)

 


Accueil

Pour s'abonner

Rédaction

Soumettre un article

Évangile & liberté

Courrier des lecteurs

Ouverture et actualité

Vos questions

Événements

Liens sur le www

Liste des numéros

Index des auteurs


Article Précédent

Article Suivant

Sommaire de ce N°


Vous pouvez nous écrire vos remarques, vos encouragements, vos questions