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Numéro 193 - novembre 2005
( sommaire )

Série : Histoire et Théologie

3. Lettre de Jacques

Après la Didachè et l’Évangile selon Thomas, voici un troisième écrit où se manifeste le désaccord entre l’histoire et la théologie. L’Épître de Jacques figure dans le Nouveau Testament, mais elle y entre timidement au ive siècle et depuis lors c’est un écrit mineur, qui ne vaut que par quelques détails (comme l’onction donnée aux malades). D’ailleurs, Eusèbe de Césarée (vers 330) doute lui-même qu’elle soit de Jacques, comme elle le prétend, et tout est dit. On convient aujourd’hui qu’elle a été écrite vers 80 et qu’elle n’est donc pas de Jacques, mort en 62-63.

Mais la question n’est pas tranchée. L’analyse de la lettre révèle une organisation soignée, un deuxième niveau de sens, probablement destiné à des chefs de communauté, et le souci de faire la synthèse de plusieurs courants, dans lesquels on reconnaît ceux des apôtres (2,1-13), de Paul (2,14-26) et des Hellénistes (3,1-18) : tout cela fait penser à une œuvre qui pourrait bien, à l’origine, être de Jacques et avoir été écrite vers 60, au moment de la deuxième révision de la collection des paroles de Jésus. On peut, du moins, en faire l’hypothèse ; et cette hypothèse est recevable, pour l’histoire.

Mais en théologie (au sens que nous avons dit), elle risque de faire grincer bien des dents. D’abord, Jacques se trouve remis en selle, alors que le personnage a été soigneusement gommé pour éviter de faire de l’ombre à Pierre. De plus, le texte de l’épître a été révisé, et le double sens ancien n’est plus perceptible. Il faudrait donc s’éloigner du texte édité et en revenir au temps où, peu après les grandes lettres de Paul, le christianisme tente d’éviter la rupture avec les Hellénistes, au prix d’un affadissement de la théologie de Paul, laquelle prévaudra seulement après la chute du temple… La voie paraît bonne à l’historien ; mais que penser de ces premiers théologiens, qui vont et viennent dans des idées et des stratégies contradictoires ? Il est plus prudent ou plus rassurant de gommer leurs hésitations et de faire remonter les points centraux de la théologie aux premières formes de l’écriture. feuille

Christian Amphoux

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