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Numéro 193 - novembre 2005
( sommaire )

Débattre

Il n’y a pas de révolution industrielle sans destruction d’activités, mais les délocalisations font toujours l’objet de débats très agressifs en France. L’Association Évangile & Société a cherché à mieux en comprendre les arguments. Nous publions ici une synthèse d’une communication de son président, Hervé L’Huillier, sur les délocalisations en Chine.

Délocaliser en Chine
Est-ce compatible avec l’éthique chrétienne ?

Certains observateurs estiment que les délocalisations en Chine sont destructrices de valeurs humaines et sociales. La Chine, en effet, s’est engagée dans une course à la puissance, jouant sur le communisme scientifique et l’ultralibéralisme. Y transférer une activité revient à profiter d’un système que la conscience chrétienne récuse et, petit à petit, à lui soumettre des pans entiers des activités humaines, ceci à l’échelle mondiale. Car les impacts négatifs se constatent non seulement en Chine ou dans les pays d’origine de ces activités : ils ricochent sur beaucoup de pays de la planète. Mais discerner dans la vérité impose de ne pas exagérer les déficiences d’un développement qui profite à beaucoup, sur place et dans le reste du monde.

Les délocalisations ont un aspect néfaste

S’agissant de la Chine, chacun peut voir dans les médias les limites des droits humains, les foules de migrants sans toit, la misère des paysans, les mineurs décimés par les coups de grisou. Les écarts de revenus et le gaspillage généralisé des nouveaux riches frappent l’étranger. Sans parler de la corruption que la presse ne cache plus.

Pendant ce temps, le départ des activités industrielles ou commerciales brutalise nos pays. Leurs conséquences en chaîne peuvent dépasser de loin la simple fermeture d’un site : impact sur les fournisseurs, les transports, les clients, donc sur les autres activités et l’équilibre des services publics (taxe professionnelle supprimée, charges de reclassement et d’assistance). Sans parler des graves conséquences sur les familles.

Mais conséquences aussi sur le reste du monde. Car la généralisation du modèle de « l’atelier de la planète » se traduit par la mise en coupe réglée des matières premières et la destruction de nombreux écosystèmes.

Mais tout n’est pas sombre

Pour autant, on ne saurait limiter le développement actuel de la Chine à ces jugements déséquilibrés. La rapide croissance chinoise profite à un nombre de plus en plus important de communautés de la planète.

En Chine, d’abord, la richesse individuelle s’améliore ; l’éducation a fait d’immenses progrès. L’adhésion à l’OMC facilite l’adoption de règles que l’Occident a édictées. La corruption recule, la préoccupation environnementale et sanitaire est de plus en plus revendiquée par le politique, l’initiative est encouragée. Surtout, la Chine a réintégré la famille humaine.

Les délocalisations au profit de la Chine se traduisent en Occident par des produits finis très bon marché et une opportunité pour redéployer les talents et les capitaux sur d’autres activités davantage créatrices de valeur : les États-unis l’ont semble-t-il très bien compris.

En outre, le développement de la Chine apporte au reste du monde plusieurs points de croissance : 5 % et plus en 2004 pour nom-bre de pays d’Amérique latine et d’Afrique, en grande partie grâce aux liaisons établies avec la Chine qui facilite leur accès aux marchés mondiaux. Les interdépendances qui se créent sont un facteur de paix mondiale, condition essentielle du développement.

Oser délocaliser, et croire en l’homme

Multiplier ces interdépendances peut apparaître comme la voie à suivre. Elles seules sont de nature à corriger les nombreuses injustices de la croissance chinoise. Mais aussi à corriger les blocages sociaux qui caractérisent notre pays. De l’échange économique, on passe vite à l’échange culturel. Il ne faut donc pas craindre de déplacer les activités économiques. Croire en tout homme, où qu’il soit, digne et prometteur dans l’ordre du regard que Dieu porte sur le monde, sans opposer ici et là. Nous croyons que nos intuitions sociales chrétiennes ont une portée universelle : mettons-les en œuvre en Chine, où elles peuvent être vivifiées par la solidarité familiale ou le goût de l’initiative. En France aussi, où le manque de courage et de débat empêche trop souvent de préparer les transferts d’activité. Enfin, si cela est créateur de richesse, veiller à ce que la Chine n’en soit pas le destinataire prépondérant pour que le développement du monde ne s’en trouve pas déséquilibré. feuille

Hervé L’Huillier

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