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Numéro 192 - octobre 2005
( sommaire )

Débattre

Gretta Vosper nous interpelle sur l’usage que nous faisons du vocabulaire dans nos Églises. Elle est pasteur de l’Église réformée unie de West Hill, Toronto, Canada.

Ci-dessous des extraits de l’éditorial qu’elle a signé dans le n° 1 (avril 2005) du Journal of the Canadian Centre for Progressive Christianity.

Un changement dans nos Églises

Les prédicateurs utilisent fréquemment comme des métaphores les mots tels que « résurrection », « salut », « Ascension », « naissance virginale », « Fils unique du Père » ou « seigneurie du Christ ». Et si on leur demande d’en préciser le sens, ils n’osent pas répondre qu’on ne doit pas les prendre à la lettre. Ils considèrent qu’une métaphore est une sorte de langage codé naturellement utilisé dans les offices religieux et destiné seulement à créer une ambiance de mystère.

Depuis plusieurs décennies, nous avons pu éviter les tempêtes théologiques du grand large en demeurant prudemment, avec notre langage équivoque, dans les eaux calmes du port.

Nous avons, bien sûr, évité une interprétation trop littérale des textes bibliques en introduisant graduellement dans le vocabulaire religieux de l’Église de nouvelles définitions. Mais nous n’avons fait que contourner la difficulté et notre message est devenu presque incompréhensible pour beaucoup de ceux qui viennent à l’église et pour presque tous ceux qui n’y viennent pas.

Par exemple, seuls ceux qui seront venus à l’église le jour de l’Ascension où nous aurons, bien entendu, expliqué le nouveau sens que nous donnons désormais à ce mot, le comprendront lorsqu’ils l’entendront prononcer à nouveau. Mais les autres en resteront à l’image d’un Jésus navigant dans le ciel entre les nuages et s’imagineront que nous y croyons vraiment. Maintenir une équivoque théologique, comme nous le faisons trop systématiquement, nuit sérieusement à la crédibilité de notre prédication, sauf peut-être aux yeux des fidèles les plus traditionalistes.

Voici des questions que nous pourrions soulever, pour commencer, dans nos groupes de réflexion et dans nos différents conseils.

– Si nous croyons que nous avons tous accès au divin (quelle que soit la manière dont nous comprenons ce mot) ne devrions-nous pas réfléchir à l’utilisation de nos vêtements et de nos gestes liturgiques qui suggèrent que certains y ont plus accès que les autres ?

– Si nous croyons que le divin, que nous nommons généralement Dieu, est partout et toujours autour de nous et en nous, pourquoi continuons-nous à l’invoquer, à lui demander de nous écouter, de nous répondre et d’intervenir pour nous ? N’y a-t-il pas d’autres manières d’exprimer notre foi en sa présence et en sa disponibilité ?

[…]

– Si la présence dans le monde du mal et de la souffrance contredit l’idée que Dieu est juste et bon, pourquoi continuer à prier Dieu comme s’il dirigeait toute chose ? Quel nouveau langage devrions-nous trouver et quel style de prière proposer ?

– Si nous ne croyons pas que le christianisme a le monopole de la vérité, ne devrions-nous pas éliminer ou modifier les cantiques et les prières qui semblent le prétendre ? Ne devrions-nous pas corriger tout ce qui contredit notre théologie et notre spiritualité ? L’honnêteté et la clarté ne sont-elles pas plus importantes que nos traditions ?

– Si la Bible a été écrite par des hommes qui rendaient compte de leur expérience de Dieu avec les conceptions et les préjugés de leur époque, pourquoi fonder sur elle toute notre vie cultuelle ? Ne pourrions-nous pas utiliser dans le culte d’autres lectures d’où émaneraient également profondeur et sagesse, surtout lorsque la lecture du jour présente un Dieu injuste et une morale obsolète ?

– Si Jésus n’est pas le seul Fils de Dieu, pourquoi ses paroles seraient-elles plus importantes que celles d’Emmanuel Kant, du Mahatma Gandhi ou de Martin Luther King ? Qu’a-t-il lui de plus que les autres penseurs de notre monde ?

– Si la mort de Jésus sur la croix n’est pas le sacrifice qui sauve, quel est le sens de la sainte cène-eucharistie ? Pourrait-on imaginer d’autres symboles d’où émanerait une force semblable ou doit-on y renoncer ?

[...] C’est le propre d’une Église institutionnalisée que d’accorder une valeur ultime et absolue aux dogmes et aux rites. Il nous faut maintenant y renoncer et nous impliquer de manière plus responsable et plus profonde avec nous-mêmes, avec les autres, avec le monde et avec le divin. feuille

Gretta Vosper

(traduction de Gilles Castelnau)

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