La fête de la
réformation, le dernier dimanche doctobre, remonte à
1617, date où le prince électeur du Palatinat, calviniste
dailleurs, inaugura une célébration à loccasion
du centenaire de laffichage, devenu déjà emblématique,
des 95 thèses de Luther sur les indulgences le 31 octobre. Certains
catholiques estiment quun tel anniversaire devrait plutôt
commémorer le 10 décembre 1520, jour où le Réformateur
brûla solennellement à Wittemberg la bulle pontificale
condamnant 41 de ses thèses, exigeant sa rétractation
et ordonnant de
brûler tous ses écrits.
Il est important que le geste symbolique de 1520 nait
pas alors été choisi ; ce nest pas, en effet, un
acte destructeur qui est à lorigine du mouvement réformateur.
Sa source profonde a été et demeure fortement positive.
Elle nest pas dabord rupture avec lÉglise de
Rome, mais bien, en profondeur, fidélité première
à lÉvangile. Si rupture il y a eu, elle ne vint
pas des Réformateurs, mais de Rome qui, dailleurs, excommuniera
Luther le 3 janvier 1521.Laffichage du 31 octobre se voulait,
lui, constructif. Il proclamait dans toute sa force évangélique
et sa radicalité libératrice le message central de la
grâce, de lamour premier et inconditionnel de Dieu.
Une pratique religieuse authentique se veut généreuse
et noble. On ne cherche pas avec elle, et dans un marchandage, à
obtenir quoi que ce soit de lÉternel. Elle a même
une dimension universelle. Sitôt en effet que quelquun,
chrétien ou non, vit sa foi ou ses convictions de manière
désintéressée, il fait en vérité
un geste fondamentalement protestant. Prêcher la grâce seule
fut et reste lhonneur du protestantisme, mais vivre de cette inspiration
nest pas notre monopole.
Laurent
Gagnebin