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Numéro 191 - août-septembre 2005
( sommaire )

Dialoguer

Chaque mois, la rubrique « Dialoguer » nous permettra de vivre une rencontre avec un croyant d’une autre famille confessionnelle, religieuse ou non religieuse, mais toujours dans la quête et l’affirmation d’une dimension clairement libérale. Ce mois-ci, Malek Chebel, anthropologue qui milite pour un « islam des lumières », répond à nos questions.

Un islam libéral, nourri de sa tradition philosophique

L.G. : La dimension d’un islam libéral est-elle un phénomène actuel ou quelque chose qui a toujours existé ?

Malek ChebelM.C. : Phénomène récent dans sa formulation, l’islam libéral est très ancien quant au contenu. Plusieurs générations de philosophes se sont battues contre le préjugé d’une religion qui serait contraire au jugement personnel. Je signale seulement le fait qu’Averroès (1126-1198), que l’Occident tient pour un grand commentateur d’Aristote, n’aurait jamais pu exister sans les grands maîtres, représentants d’un islam éclairé, l’ayant précédé : Al-Kindi (796-870), Al-Farabi (872-950), Al-Ghazzali (1058-1111).

Que pensez-vous d’une lecture historico-critique du Coran ?

La lecture critique de la tradition islamique est contemporaine du grand reflux qui a poussé plusieurs centaines de milliers de musulmans à quitter soudainement la Péninsule ibérique, en 1492. L’islam n’étant plus la religion de référence, les élites se sont mises à l’interroger de manière plus critique. Mais cette tendance a été jusqu’à nos jours minoritaire et sans grand effet sur la structure, ni d’ailleurs sur le fonctionnement de l’islam, hélas.

Quels sont les principes théologiques d’un islam libéral ?

Le premier principe théologique d’un islam libéral est celui qui est mis en œuvre lorsqu’on parle de liberté, d’équité et de responsabilité. Quelle est la place de l’autre dans le dispositif de la connaissance, quelle herméneutique ou interprétation du Coran, quelle dignité de l’humain, quelle vénération du Seigneur, etc. ? Le chantier est vierge, mais je serai le dernier à évoquer la morale, laissant cet aspect à ceux qui utilisent non pas l’intelligence, mais la peur, non pas l’adhésion volontaire, mais la contrainte.

Malek Chebel, <i>L&#146;islam           et la Raison</i>Le Coran enseigne-t-il l’infériorité de la femme par rapport à l’homme ?

Le Coran ne parle ni de femmes ni d’hommes, il parle des croyants et des croyantes. Comme il ne fait aucune discrimination entre un croyant et un autre, toute infériorité du statut de la femme est fondamentalement liée à la société où celle-ci habite, et, bien sûr, à la relation qu’elle a avec le groupe des hommes. Pour peu que ces hommes soient un tant soit peu misogynes, cela donnera des imams rétrogrades qui interpréteront les versets du Coran sans tenir compte de l’évolution des mentalités.

Que représente Jésus pour vous ?

Jésus est un grand prophète, un législateur. Le Coran en parle avec beaucoup de respect. Marie y est également présente puisque son histoire est racontée dans le détail. Les autres prophètes bibliques sont tous nommés, mais la place occupée par Jésus dans le dispositif coranique est vraiment unique. Un grand prophète donc auquel nous devons tous une part des mythologies humaines actuelles. feuille

par Malek Chebel
Propos recueillis par Laurent Gagnebin

Malek Chebel publie en septembre 2005 L’islam et la Raison, le combat des idées, aux éditions Perrin. En librairie

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