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Numéro 187 - Mars 2005
( sommaire )

Billet

Mieux vaut servir Jésus-Christ sans le nommer
que le nommer sans le servir

Il y a des titres qui font sourire comme, sur une carte de visite: chef de fanfare de cavalerie en retraite. On ne sait plus qui est à la retraite: le chef, la fanfare ou la cavalerie. Jésus de Nazareth n’échappe pas à cette constatation. Il est honoré de multiples titres qui prouvent qu’il n’est pas considéré par ses contemporains comme un défunt, n’ayant plus aucune fonction (defunctus en latin). Nos derniers synodes régionaux de l’Église réformée ont beaucoup insisté sur la Seigneurie de Jésus-Christ. Plusieurs délégués, souvent parmi les plus jeunes, ont récusé le titre de Seigneur qui a un relent plus moyenâgeux que médiéval. Les disciples du Christ ne sont pas des manants ou des serfs, mais des serviteurs, comme le remarque Roger Parmentier dans le courrier des lecteurs de janvier.

Voici un mot qui est mis à toutes les sauces. Il est vrai que dans l’Ancien Testament, il désigne souvent Dieu et que, dans le Nouveau Testament Jésus est présenté comme le Christ du Seigneur, le Messie de Dieu. Mais le mot kurios peut aussi bien signifier «monsieur». La traduction des moines de Maredsous fait dire à la femme samaritaine lorsqu’elle s’adresse à Jésus, un passant parmi d’autres: «Monsieur, vous n’avez rien pour puiser… Monsieur, donnez-moi de cette eau.» Le mot Seigneur n’est utilisé que lorsque la samaritaine s’aperçoit que Jésus est un prophète. Dans l’antiquité, traiter un inconnu de monsieur, me direz-vous, est un anachronisme. Les traducteurs de Maredsous ont cependant raison de faire la différence entre les deux sens d’un même mot. Certains théologiens n’hésitent pas à utiliser cette confusion dans le vocabulaire pour proclamer un peu vite la divinité ontologique du Christ.

Lorsque Théodore de Bèze, au colloque de Poissy, prononce la fameuse confession des péchés «Seigneur Dieu, Père éternel et tout-puissant, nous reconnaissons devant ta sainte Majesté…», il y a quelque chose de noble et de grand qui, aujourd’hui, n’a de sens qu’à l’intérieur de l’Église. Ne serait-il pas préférable de ne plus attribuer le titre de Seigneur pour parler de Jésus-Christ? Ne serait-il pas souhaitable d’établir un moratoire, de suspendre l’utilisation d’un mot qui n’a guère de signification pour nos contemporains? feuille

Philippe Vassaux

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