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Numéro 187 - Mars 2005
( sommaire )

Série: foi et science

3. Quand je dis «homme», j’embrasse les femmes

Les textes bibliques reflètent le vocabulaire et la culture de l’époque qui les a vus naître. C’est d’ailleurs le cas de tous les textes, y compris celui-ci. Pour ce qui est de la Bible, il s’agit de cultures qui distinguent très fortement la place de la femme de celle de l’homme dans la société. Dès le départ, l’humanité est sexuée et constituée d’hommes et de femmes, si différents qu’ils ne sont même pas créés simultanément. Ainsi il y eut un temps, même bref, pendant lequel l’homme existait sans la femme, au moins pour le texte de la Genèse. La signification est claire (trop claire), l’homme n’a pas besoin de la femme pour vivre. Ainsi Dieu est mâle, puisqu’il subsiste aussi seulement par lui-même. On l’appellera donc Père.

De nos jours, la réflexion s’est épanouie dans un sens plus large, prenant en compte la réalité biologique d’une espèce humaine sexuée. Ainsi, il devient possible, voire nécessaire, d’appeler Dieu, Mère. C’est une lumière nouvelle sur toute la pensée.

Dans une première étape, il convient de relire l’ensemble pour y débusquer ce qui n’est que le produit d’une culture «patriarcale» et le distinguer de ce qui est vérité permanente et indépendante de la culture. Cela peut conduire au vertige quand on s’aperçoit que ce qui reste devient évanescent; tout ne serait-il que le produit de cette culture?

Dans un second temps, il devient éclairant d’exprimer ce qui demeure dans le langage de l’autre genre. Ceci conduit à une lumière véritablement nouvelle et rafraîchissante des anciens textes. Ainsi, les lectures féministes apportent-elles une sorte de résurrection aux vieilles idées. Doit-on s’arrêter là?

Il me semble qu’un troisième temps s’impose.

En effet, si l’humanité constitue une espèce sexuée, l’ensemble du vivant ne se reproduit pas sur ce mode. Il existe des reproductions par séparation (parthénogenèse) ou encore des reproductions dans lesquelles un individu est tantôt mâle, tantôt femelle, et la découverte probable de vies extra-terrestres dans un avenir plus ou moins proche, nous montrera peut-être des situations encore plus «exotiques».

Ce troisième temps serait l’effort d’un discours au-delà du sexué, au-delà du Père ou de la Mère. Sans aucun doute délicat, tant il est difficile de sortir de ses habitudes de pensée.

Ce serait enfin la sortie véritable d’une compréhension anthropomorphique du divin. feuille

Jean-Claude Deroche

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