logo d'Évangile et Liberté

Numéro 187 - Mars 2005
( sommaire )

Regarder, Écouter, Lire

Livre : Théodore Monod, une vie spirituelle

Nicole Vray, déjà auteur de la meilleure biographie jamais écrite de Théodore Monod («Monsieur Monod, scientifique, voyageur et protestant», Actes Sud, 1994), vient de faire paraître aux éditions Actes Sud une suite uniquement orientée vers la pensée religieuse de celui qui connut tout le XXe siècle, «Théodore Monod, une vie spirituelle». L’auteur s’est attachée à présenter l’évolution des convictions de Théodore Monod et les influences successives qui ont marqué sa vie: tout d’abord le milieu familial empreint de la spiritualité de ses parents et surtout de son père, le pasteur et théologien Wilfred Monod, avec lequel il fonda en 1923 le tiers-ordre des Veilleurs auquel Théodore Monod restera fidèle toute sa vie. La même année, 1923, une expérience remarquable fut sa première méharée dans le désert du Sahara au cours de laquelle il s’imprégna du livre d’Ernest Psichari (petit-fils d’Ernest Renan), «Le voyage du Centurion», texte qui devait influencer fortement le jeune Théodore dans son livre «Maxence au désert», publié 72 ans après avoir été écrit. Pour Théodore Monod «l’immersion dans le désert approfondit l’être…ce lieu contient en lui-même une nourriture mentale». Cependant le désert seul n’a pas nourri sa réflexion car pour lui, foi, science et désert ont toujours été indissociables. Nicole Vray a su retrouver de nombreux textes inédits et en particulier quelques-unes des prédications qu’il a données à Dakar entre 1941 et 1944 et dans lesquelles il précise ce qu’il ressent: l’appel de Dieu, la fragilité de l’être et ses hésitations. Sa rencontre avec l’Islam aura été très importante: grâce à son amitié avec Amadou Hampâté Bâ, disciple du sage Tierno Bokar, Théodore Monod, fidèle à sa foi protestante, développa cette idée d’amour universel partagé par tous. Il «martèle sans cesse l’idée du christianisme et non d’un christianisme, l’occidental; il appuie avec insistance sur l’importance de l’Évangile seul, du texte seul, des Écritures seules, en fidèle disciple de la Réforme, en fidèle disciple du Christ, dans le respect du lieu ou de la civilisation où la Parole est annoncée». Dans un dernier chapitre, Nicole Vray relate très précisément les amicales relations qui ont uni Théodore Monod et le Père Teilhard de Chardin sur la question des relations entre Science et Foi. «Pour Théodore Monod, il s’agit davantage de la place et du rôle de l’homme dans l’univers, qu’il faut étudier scientifiquement pour le com-pren--dre mais non pour accomplir le message évangélique: il fait donc plus le lien entre l’homme et la foi qu’entre la foi et la science.»

Je recommande vivement la lecture du livre de Nicole Vray qui a su montrer le long cheminement de fidélité de Théodore Monod à son protestantisme et sa faculté à étudier et à dialoguer avec le judaïsme, le bouddhisme, le catholicisme et l’islam. Cet ouvrage est le seul qui développe la pensée religieuse de Théodore Monod. feuille

Jean-Claude Hureau

Nicole Vray, Théodore Monod – Une vie spirituelle, Actes Sud, 2004, 21,90€

haut

Forum Laïcité - Paris, Salon du livre, stand G181
Parc des Expositions, Porte de Versailles, 18-23 mars 2005

Les librairies L’Arrêt-aux-Pages, 7ici et l’Auditoire organisent un Forum de la Laïcité. Le thème de la laïcité a été décliné autour de 5 grands sujets. Les Éditions Beauchesne, van Dieren, Em-preinte Temps Présent, Farel, Société biblique française Olivétan et Salvator exposeront leur production sur ce stand.programme (sous réserve)

18 mars, 14h. N. Gürsel: La littérature turque en France • 14h30 J.-F. Pérouse: Relativiser le fait religieux pour comprendre la Turquie contemporaine• 15h. A. Gouilly-Frossard: L’application de la loi 1905 à l’époque contemporaine• 16h. D. Ponnau: La Bible et les grands mythes dans l’art • 17h D. Sallenave: Des limites de la laïcité en France et en Tunisie•

19 mars, 14h. P. Cabanel: Les mots de la laïcité• 15h. A. Gounelle: Les problèmes que rencontre aujourd’hui l’application de la laïcité• 16h. R. Benzine et A.-S. Lamine: L’islam et la laïcité en France• 17h. A. von Campen-hausen: La laïcité en Allemagne et en France•

20 mars• 14h. E. Parmentier: La lecture de la Bible aujourd’hui• 15h. R.Schwartz: Le travail de la Commission Stasi• 15h30 J. Verdun: La définition de la laïcité• 16h. M. Tubiana: La laïcité et l’égalité des droits• 17h. G. Rainotte: L’enseigne-ment de la religion protestante dans la Communauté française en Belgique •

21 mars• 14h. C. Briffard: La lecture de la Bible aujourd’hui• 15h. J.-A. de Clermont: L’élargissement de la loi 1905• 16h. H. Meschonnic: La Bible, archéologiquement• 17h. D. Fahri: Être rabbin et citoyen en France•

22 mars• 14h. O. Roy: Les manifestations religieuses dans un état laïc• 15h. M. Bertrand: Foi et politique• 16h.P. Joxe: L’Islam en France• 17h. V. Zuber: Tolérance, intolérance• 19h. Entretien autour du livre «Faut-il réviser la loi de 1905» avec J. Baubérot, R. Rémond, Y. Charles Zarka •

23 mars• 14h. Y. Briendet D. Guillaume: La laïcité pour des éditeurs religieux• 15h. D. Boubakeur: L’Islam dans une République laïque• 16h. J.Baubérot, Histoire et sociologie de la laïcité.

Renseignements: www.arretauxpages.com feuille

haut

Cinéma : Sur quel pied danser?

Une histoire vraie de David Lynch  © DRAvez-vous jamais vu Charlot, dans le Pèlerin, échappé de sa prison et troquant ses habits rayés de taulard contre une panoplie complète de révérend presbytérien? Le voilà embarqué malgré lui par des paroissiens en attente d’un berger, pour présider le culte! Sa prédication très gestuée du combat de David contre Goliath est un bijou.

Mais il a beaucoup de mal à maîtriser son «naturel» lorsque la collecte lui passe sous le nez.

Les choses vont se gâter lorsque les dames patronnesses l’invitent à passer à table et à partager sa journée dominicale avec quelques représentants de la communauté. Maladresses et mimiques de séduction ne cessent d’alterner. Jusqu’au moment où débarque le shérif pour ramener l’oiseau en cage.

Mais voilà que le représentant de la loi, témoin de la générosité de ce vagabond qui n’avait pas hésité à voler au secours de la veuve et de l’orpheline, conduit notre pasteur à la frontière entre le Mexique et les USA. Il lui offre, avec insistance, l’occasion de re-trouver la liberté.

Charlot joue le timide, hésite, mais à peine a-t-il fait trois pas en territoire étranger, que surgissent de derrière les buissons des desperados menaçants et pétaradants. Affolé, il revient précipitamment se mettre à l’abri de la borne frontière, le pied droit sous le panneau Mexico, le gauche sous le panneau United States. Et c’est alors que nous le voyons s’éloigner, de dos, à cheval sur la ligne de démarcation, avec cette claudication qui n’appartient qu’à lui, et disparaître, tout petit, dans le lointain, un pied sur le sol mexicain, un pied sur le sol américain. Saisissante image de cette ambiguïté fondamentale qui caractérise aussi bien tout l’imaginaire de la création cinématographique que la nature profonde de l’homme: «boitant d’un pied sur l’autre» (cf. 1 Rois 18!) entre la loi et la liberté, entre la soumission et l’audace, entre la réalité et le rêve, entre le chien et le loup, entre? etc. feuille

Jean Domon

Charlie Chaplin, Le Pèlerin, DVD 2 .Les Courts métrages. MK2.

haut

Écouter : Une Passion cubaine

Voici une occasion de prendre pleinement conscience, qu’en matière de musique baroque, tout ne s’est pas fait et ne se passe pas encore de nos jours au cœur de la seule Europe.

C’est ainsi que Teresa Paz, à la tête de son ensemble Ars Longa de La Havane, nous permet de redécouvrir un compositeur cubain jusque là inconnu, Esteban Salas (1725-1803), dont l’œuvre musicale constitue le témoignage le plus ancien découvert jusqu’à présent d’une création musicale dans cette ancienne province espagnole du Nou-veau Monde. Ce dernier fut maître de chapelle à la cathédrale de Santiago de Cuba, entre 1764 et 1803, et eut donc la charge de composer nombre d’œuvres, dont des compositions destinées à la célébration de la Semaine Sainte que l’on retrouve en partie sur ce disque en accompagnement à une messe des morts.

Même si la paternité de l’intégralité de ces œuvres est sujette à caution, nous pouvons constater une diversité du langage musical qui illustre la maîtrise des différents styles musicaux, certaines compositions rappelant celles de Tomas Luis de Victoria quand d’autres illustrent parfaitement le style galant alors en vogue dans l’Europe de cette fin du XVIIIe siècle.

Le label discographique K617 nous prouve qu’en matière de recherches musicologiques et d’interprétation, il existe également des ensembles musicaux latino-américains de valeur, à même de défendre avec conviction leur patrimoine musical. feuille

Matthieu Baboulène-Fossey

Esteban Salas: Passio Domini Nostri Jesu Christi, ensemble Ars Longa de La Havane & Camerata Vocale Sine Nomine, dir. Teresa Paz, 1 CD K617161.

haut

Merci de soutenir Évangile & liberté
en vous abonnant :)

 


Accueil

Pour s'abonner

Rédaction

Soumettre un article

Évangile & liberté

Courrier des lecteurs

Ouverture et actualité

Vos questions

Événements

Liens sur le www

Liste des numéros

Index des auteurs


Article Précédent

Pas d'article Suivant

Sommaire de ce N°


Vous pouvez nous écrire vos remarques, vos encouragements, vos questions