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Numéro 183 - Novembre 2004
( sommaire )

Combattre

Il y a 30 ans, Mel Gibson n’avait pas encore donné à voir les souffrances du Christ, et la torture ne faisait pas la une des médias. Les exactions commises par des Français en Algérie étaient censurées, celles des dictatures d’Amérique Latine étaient dénoncées par militants et exilés ; les nouvelles d’URSS parvenaient mal en Occident, mais Sakharov encourageait à réagir : « tous ceux que vous aurez nommés seront sauvés ».

ACAT : 30 ans au service de la justice

En décembre 1973, Amnesty International avait chargé sa toute jeune section française d’organiser un congrès mondial sur la torture et avait appelé chacun à se mobiliser contre ce fléau. Peu après, le pasteur italien de l’Église vaudoise Tullio Vinay rentrant du Vietnam Sud exhibait au cours d’une conférence, des photos d’hommes, femmes et enfants mutilés suite à des séjours prolongés dans les fameuses cages à tigres. un prisonnier dans sa celluleL’appel vibrant lancé ce soir-là : « Que savent nos Églises de telles atrocités ? Allons-nous continuer à laisser défigurer l’image du Christ sans rien faire ? » trouva un écho chez deux filles de pasteur. Pour elles, une telle action ne pouvait qu’être œcu--ménique. Dès juin 1974, l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture était fondée ; elle s’est développée rapidement en France pour atteindre 15 000 membres actifs ; l’ACAT France ayant essaimé dans quatre continents, une fédération, la FIACAT, a été créée en 1987. Elle représente les ACAT (une trentaine actuellement) dans les instances internationales (ONU, Conseil de l’Europe, Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, Conseil Œcuménique et Commis-sion Justice et Paix).

Ces chrétiens répondent à des cris provenant des quatre coins du monde en écrivant aux autorités responsables de tortures, disparitions ou exécutions pour leur rappeler leurs engagements. L’ACAT ne se contente pas de dénoncer, elle essaie de prévenir ces violations : elle réfléchit aux causes et tente d’agir afin de parvenir un jour à les éradiquer ; elle participe à l’élaboration de conventions internationales aux côtés d’autres ONG, d’experts de l’ONU et des représentants des États. La convention pour la prévention de la torture fonctionne déjà dans plus de 40 pays d’Europe.

Chaque ACAT est attentive à ce qui se passe dans son propre pays car nul n’est à l’abri de la tentation tortionnaire ; il est si facile, même à une démocratie, de glisser vers ces pratiques. La torture vise à faire parler mais aussi à faire taire, à terroriser un individu ou toute une population, à soumettre des opposants aux pouvoirs politiques ou économiques. La spirale injustice, violence, répression, terrorisme ne se déroule pas qu’en Irak ou en Palestine. P. Ricœur souligne que la torture « difficile à réfuter sur le court terme, s’avère ruineuse sur le long terme » et elle est même contre-productive. L’ACAT essaie aussi d’éduquer aux Droits de l’Homme, jeunes et moins jeunes, en particulier dans nos Églises. Peu savent qu’en France le règlement militaire interdit la pratique de la torture et institue le refus d’obéir à un ordre « manifestement illégal ». Certaines ACAT africaines sont très actives dans le domaine de la sensibilisation des juristes et des forces de l’ordre à l’interdiction absolue de la torture, même en temps de guerre.

Les chrétiens ne sont pas les seuls à agir, mais ils trouvent leur motivation dans la parole de Dieu et leur espérance en Jésus-Christ, qui a été torturé à mort et en est sorti vainqueur. Ils prient pour la conversion des bourreaux qui se déshumanisent en enlevant sa dignité d’homme à celui qu’ils martyrisent. Ils sont marqués à vie, autant que leurs victimes, qui sont au cœur de l’action de l’ACAT et de sa prière ; « l’intercession n’est pas l’alibi à je ne sais quelle passivité, mais la continuation de la lutte par d’autres moyens », disait G. Casalis. De nombreux chrétiens libérés témoignent qu’ils ont perçu physiquement le soutien de la prière de ceux qui sont en liberté. Et les membres de l’ACAT s’unissent aussi dans la louange pour ces libérations et pour tous ceux qui, malgré les risques encourus, se lèvent de par le monde pour que d’autres se relèvent feuille

ACAT :
7, rue Georges-Lardennois, 75019 Paris.
Tél : 01 40 40 42 43.
www.acat.asso.fr.

Jacqueline Westercamp

Répartition des actions d’Acat-France.

Dans les zones en gris foncé, plus de 390 actions de l’Acat-France en 2003.

La peine de mort dans le monde.

Gris clair, pays ayant aboli la peine de mort.

Gris moyen, pays appliquant un moratoire sur la peine de mort.

En Gris sombre, pays autorisant les exécutions capitales.

Sources Acat-France.

 

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