En décembre 1973,
Amnesty International avait chargé sa toute jeune section française
dorganiser un congrès mondial sur la torture et avait appelé
chacun à se mobiliser contre ce fléau. Peu après,
le pasteur italien de lÉglise vaudoise Tullio Vinay rentrant
du Vietnam Sud exhibait au cours dune conférence, des photos
dhommes, femmes et enfants mutilés suite à des séjours
prolongés dans les fameuses cages à tigres. Lappel
vibrant lancé ce soir-là : « Que savent nos Églises
de telles atrocités ? Allons-nous continuer à laisser
défigurer limage du Christ sans rien faire ? » trouva
un écho chez deux filles de pasteur. Pour elles, une telle action
ne pouvait quêtre cu--ménique. Dès juin
1974, lAction des Chrétiens pour lAbolition de la
Torture était fondée ; elle sest développée
rapidement en France pour atteindre 15 000 membres actifs ; lACAT
France ayant essaimé dans quatre continents, une fédération,
la FIACAT, a été créée en 1987. Elle représente
les ACAT (une trentaine actuellement) dans les instances internationales
(ONU, Conseil de lEurope, Commission africaine des droits de lhomme
et des peuples, Conseil cuménique et Commis-sion Justice
et Paix).
Ces chrétiens répondent à des cris
provenant des quatre coins du monde en écrivant aux autorités
responsables de tortures, disparitions ou exécutions pour leur
rappeler leurs engagements. LACAT ne se contente pas de dénoncer,
elle essaie de prévenir ces violations : elle réfléchit
aux causes et tente dagir afin de parvenir un jour à les
éradiquer ; elle participe à lélaboration
de conventions internationales aux côtés dautres
ONG, dexperts de lONU et des représentants des États.
La convention pour la prévention de la torture fonctionne déjà
dans plus de 40 pays dEurope.
Chaque ACAT est attentive à ce qui se passe dans
son propre pays car nul nest à labri de la tentation
tortionnaire ; il est si facile, même à une démocratie,
de glisser vers ces pratiques. La torture vise à faire parler
mais aussi à faire taire, à terroriser un individu ou
toute une population, à soumettre des opposants aux pouvoirs
politiques ou économiques. La spirale injustice, violence, répression,
terrorisme ne se déroule pas quen Irak ou en Palestine.
P. Ricur souligne que la torture « difficile à réfuter
sur le court terme, savère ruineuse sur le long terme »
et elle est même contre-productive. LACAT
essaie aussi déduquer aux Droits de lHomme, jeunes
et moins jeunes, en particulier dans nos Églises. Peu savent
quen France le règlement militaire interdit la pratique
de la torture et institue le refus dobéir à un ordre
« manifestement illégal ». Certaines ACAT africaines
sont très actives dans le domaine de la sensibilisation des juristes
et des forces de lordre à linterdiction absolue de
la torture, même en temps de guerre.
Les chrétiens ne sont pas les seuls à agir,
mais ils trouvent leur motivation dans la parole de Dieu et leur espérance
en Jésus-Christ, qui a été torturé à
mort et en est sorti vainqueur. Ils prient pour la conversion des bourreaux
qui se déshumanisent en enlevant sa dignité dhomme
à celui quils martyrisent. Ils sont marqués à
vie, autant que leurs victimes, qui sont au cur de laction
de lACAT et de sa prière ; « lintercession
nest pas lalibi à je ne sais quelle passivité,
mais la continuation de la lutte par dautres moyens », disait
G. Casalis. De nombreux chrétiens libérés témoignent
quils ont perçu physiquement le soutien de la prière
de ceux qui sont en liberté. Et les membres de lACAT sunissent
aussi dans la louange pour ces libérations et pour tous ceux
qui, malgré les risques encourus, se lèvent de par le
monde pour que dautres se relèvent
ACAT :
7, rue Georges-Lardennois, 75019 Paris.
Tél : 01 40 40 42 43.
www.acat.asso.fr.
Jacqueline
Westercamp
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Répartition des actions dAcat-France.
Dans les zones en gris foncé, plus de 390 actions de lAcat-France
en 2003.
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La peine de mort dans le monde.
Gris clair, pays ayant aboli la peine de mort.
Gris moyen, pays appliquant un moratoire sur la peine de mort.
En Gris sombre, pays autorisant les exécutions capitales.
Sources Acat-France.
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